La chute de François Bayrou, symbole d’un pouvoir fragilisé : aux travailleurs désormais de reprendre la main © Julien Mattia
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 08 septembre 2025
⏱️Temps de lecture 6 minutes
Le 10 septembre, les colères s’expriment déjà dans tout le pays. Mais ce n’est qu’un début. Le 18 septembre doit être la grande démonstration de force unitaire et interprofessionnelle, capable de faire reculer le gouvernement et d’imposer un autre budget que celui de l’austérité et des cadeaux au patronat. La CGT appelle à faire du 10 septembre un tremplin vers une mobilisation massive le 18 septembre.
📽️ Retrouvez en bas de cet article la vidéo de l’interview de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, ainsi que les tracts de l’appels aux mobilisations à télécharger.
Le budget Bayrou : un « musée des horreurs »
Pour Sophie Binet, le projet de budget présenté par François Bayrou et Emmanuel Macron n’est rien d’autre qu’un « musée des horreurs »
En effet, derrière les 43,8 milliards d’économies annoncées, ce sont les travailleuses et travailleurs qui paieront la facture : franchises médicales doublées, suppression de jours fériés, gel des pensions et des salaires, coupes dans les services publics, réforme plus brutale encore de l’assurance chômage.
Concrètement, chacun et chacune verrait son quotidien amputé. La CGT a mis en ligne un simulateur qui en donne la mesure : un fonctionnaire gagnant 2 300 € brut par mois et allant deux fois par an chez le médecin perdrait 740 € par an dès 2026. Un salarié du privé verrait disparaître 346 €. Autant d’argent pris sur le revenu des ménages pour financer des politiques d’austérité.
211 milliards pour le patronat : l’argent existe
Dans le même temps, rappelle Sophie Binet, 211 milliards d’euros d’aides publiques sont distribuées chaque année aux entreprises, sans condition ni contrôle. C’est dix fois le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Avec cette somme colossale, il serait possible de financer la transition écologique, de sauver des hôpitaux, de renforcer nos écoles, d’investir dans la recherche et l’emploi industriel. Mais faute de contreparties, cet argent nourrit surtout les profits des grands groupes. Michelin a fermé une usine après avoir bénéficié d’aides publiques pour acheter des machines. Sanofi a perçu un milliard de crédit impôt recherche tout en divisant par deux son nombre de chercheurs.
La CGT propose une mesure simple : instaurer un avis conforme des CSE. Sans l’accord des représentants du personnel, aucune aide ne devrait être versée. Ce contrôle démocratique éviterait le gaspillage de fonds publics et redonnerait du pouvoir aux salariés.
Bayrou et Macron : la diversion permanente
Le Premier ministre et le Président jouent la carte de la diversion. En se soumettant à un vote de confiance le 8 septembre, François Bayrou cherche à déplacer le débat. Mais pour Sophie Binet, « le vote de confiance, il a déjà eu lieu » : les travailleurs ont déjà exprimé leur défiance massive lorsqu’il a refusé d’abroger la réforme des retraites.
Loin de répondre aux urgences sociales, Macron et Bayrou organisent le chaos institutionnel pour sauver leur politique. Passage en force sur l’assurance chômage, suppression de jours fériés, doublement du prix des médicaments par décret : autant de provocations qui montrent que ce gouvernement agit comme le « porte-serviettes du patronat »
Le 10 septembre : un tremplin
Dans ce contexte, la journée du 10 septembre prend toute son importance. D’abord portée par des appels citoyens, elle a reçu le soutien de la CGT qui y voit une première étape complémentaire de la grande journée intersyndicale du 18 septembre.
Pour Sophie Binet, il s’agit de ne pas opposer les mobilisations mais de les relier. Le 10 septembre doit permettre de débattre sur les lieux de travail, d’organiser des assemblées générales, d’écrire des cahiers revendicatifs, de construire des grèves partout où c’est possible. « Le but, dit-elle, c’est que le 18 septembre nous soyons plus forts, plus nombreux, et que nous fassions coup double : des revendications sur les salaires face au patronat et l’enterrement de ce budget d’austérité »
Le 18 septembre : la grande démonstration de force
Le 18 septembre est la date où toutes les organisations syndicales appellent ensemble à manifester et à faire grève partout en France
Pour Sophie Binet, l’enjeu est clair : imposer un autre budget, gagner l’abrogation de la réforme des retraites, obtenir des moyens pour les services publics et des augmentations de salaires.
Ce n’est pas une mobilisation d’un jour mais le début d’un processus de lutte dans la durée, jusqu’à ce que le rapport de force bascule. Les discussions budgétaires peuvent durer des mois : à nous de les placer sous la surveillance permanente de la rue, des travailleurs et des travailleuses.
Face aux reculs sociaux, combattre l’extrême droite
Sophie Binet insiste sur un autre danger : chaque recul social nourrit l’extrême droite. « Quand on ferme une usine, quand on ferme un service public, on fait élire un député du RN .
Aujourd’hui, l’extrême droite détourne la colère en accusant les immigrés ou les étrangers. Mais ce ne sont pas eux qui coûtent cher : ce sont les rentiers, les actionnaires, les grandes entreprises. Tant que les colères sociales ne sont pas organisées, l’extrême droite prospère. La responsabilité du mouvement syndical est donc de transformer l’indignation en luttes collectives, de fédérer les colères au lieu de les laisser se dissiper dans la division.
Construire le rapport de force
Jamais Emmanuel Macron n’a été aussi isolé. Sa majorité est fracturée, ses réformes rejetées. Mais rien ne tombera tout seul. Comme le dit Sophie Binet, il faut prendre la main : s’organiser dans les entreprises, se syndiquer, lancer des intersyndicales locales, écrire nos revendications.
Chaque recul social obtenu est une victoire contre le fatalisme. Chaque mobilisation réussie rapproche de l’abrogation des 64 ans, de l’augmentation des salaires, du financement de nos services publics. Le 10 septembre est une rampe de lancement. Le 18 septembre doit être l’explosion sociale qui change la donne.