53ème congrès de la CGT : un millier de congressistes de la CGT défilent aux côtés des Clermontois dans la Manifestation contre la réforme des retraites à Clermont-Ferrand, le 28 mars 2023

Les militants de la CGT présents au 53e congrès ont interrompu leurs discussions mardi 28 mars pour grossir les rangs contre la réforme des retraites à Clermont-Ferrand. L’occasion de resserrer les troupes autour d’un sujet consensuel.

Si un sujet a fait consensus au premier jour d’un 53e congrès de la CGT par ailleurs agité, c’est la participation des congressistes à la dixième journée de mobilisations contre la réforme des retraites, mardi 28 mars 2023. Après le passage en force de la réforme à l’Assemblée Nationale à coups de 49-3, un entretien présidentiel télévisé totalement déconnecté, la contestation sociale ne marque pas de pause. Et agrège aujourd’hui de nouvelles indignations contre les violences policières, la répression contre des manifestants et des syndicats, l’affaissement de la démocratie.

Faire front ensemble

Photo au 1er plan : José Blanco ; Secrétaire de l'intersyndicat CGT du champagne, UD de la Marne, Fédération agroalimentaire et forestière.

Alors, dans le Puy-de-Dôme, ce mardi matin, les quelque mille militants cégétistes ont interrompu les travaux du congrès pour grossir les rangs du cortège à Clermont-Ferrand, qui a rassemblé entre 11 000 à 35 000 personnes selon les sources. L’occasion pour les congressistes de faire front ensemble, alors que la CGT va débattre jusqu’à la fin de la semaine de son activité et de ses futures orientations. « Notre unité syndicale est louée et, grâce à notre mobilisation, nous apparaissons comme ce que nous n’avons jamais cessé d’être : un pilier de la démocratie sociale et de la défense des intérêts des travailleurs et travailleuses. Cette reconnaissance nous oblige à poursuivre la lutte jusqu’au retrait », déclarait Marie Buisson lors du discours d’ouverture au 53e congrès confédéral.

Jusqu’au retrait

Jusqu’au retrait. C’est ainsi que Sonia, Safaa et Geneviève, toutes les trois venues de Dijon voient les choses. « On a participé à toutes les manifestations, on n’allait pas rater celle-ci. Sur Dijon, on a bloqué un dépôt pétrolier, un incinérateur, on a déployé des banderoles sur une rocade, on s’est rassemblé devant les permanences de députés macronistes. On ne lâchera rien, parce que la réforme des retraites s’inscrit dans une attaque de la sécurité sociale », témoignent-elles en chœur. Un peu plus loin, la corne de brume du camion de la CGT énergie fait vibrer la foule. De la place du 1er mai à la place de Jaude, les congressistes se mêlent aux manifestants locaux, aux ouvriers de chez Michelin, de Volvic, à ceux des ateliers industriels de l’aéronautique, aux enseignants du lycée professionnel Gergovie, aux étudiants de l’école d’architecture en lutte contre la précarité… «Sans la réforme des retraites, je devrai partir à 61 ans car j’ai commencé à 18 ans. A 53 ans déjà, c’est compliqué, le fait d’avoir travaillé en 3*8 m’a déglingué, les pressions que font peser la hiérarchie sont pénibles à vivre. Je ne me vois pas tenir deux ans de plus », témoigne Philippe Fabre, ouvrier en mécanique chez Michelin, qui en est lui aussi à sa dixième manif’. « Mais dans les ateliers, c’est compliqué d’impulser un arrêt, les ouvriers comptent ce qu’une grève va leur coûter dans un contexte d’inflation et de chômage », observe l’auvergnat.

Regain de syndicalisation

A ses côtés, Christophe Tavarès, chez Michelin depuis plus de vingt ans, ne comprend pas pourquoi « le medef soutient cette réforme puisque les grosses entreprises font en sorte de pousser les salariés vers la sortie avant l’âge légal de départ en retraite ». Parvenus aux pieds de la statue de Vercingétorix, des manifestants s’interrogent sur l’avenir de la mobilisation sociale. « Nous assistons à un regain de syndicalisation. La bataille sur les retraites permet au moins de forger une conscience de classe chez les jeunes, notamment. C’est de cette manière que la CGT peut redevenir première organisation syndicale », estime Laurent Membré, secrétaire général CGT du syndicat de site des ateliers industriels de l’aéronautique. La matinée touche à sa fin. Les congressistes retournent s’enfermer sous la grande halle d’Auvergne.