Les vendangeurs étaient hébergés illégalement sur un terrain voisin du 85 avenue de Champagne à Épernay appartenant à M. Edouard Abon élu contrait de démissionner du conseil municipal d’Epernay. © Archive journal l’Union

✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 17 septembre 2025

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Alors que certains voudraient faire croire que la CGT Champagne ternit l’image de l’appellation en dénonçant les abus, les faits sont têtus : ce ne sont pas les militants syndicaux qui salissent le roi des vins, mais bien quelques vignerons et prestataires qui ferment les yeux sur le sort des saisonniers. L’exemple d’Édouard Abon, élu de la majorité municipale d’Épernay, contraint de démissionner après le scandale des conditions de logement de vendangeurs, démontre que le problème est ailleurs. Et que, malgré les grands discours, Franck Leroy et sa majorité au conseil municipal d’Epernay ne peuvent ignorer plus longtemps la réalité.

Les vendanges sont désormais terminées et on peut vraiment ce poser cette question : mais qui salit la Champagne ? La CGT… ou une minorité de vignerons peu regardants ?

Quand la réalité rattrape les beaux discours

Depuis plusieurs semaines, un bras de fer s’installe dans le débat public champenois. D’un côté, des élus locaux et certains représentants de la filière accusent la CGT de « salir le Champagne » en dénonçant les pratiques indignes observées lors des vendanges. De l’autre, les syndicats rappellent qu’ils ne font que porter la voix des travailleurs et que l’image du Champagne est avant tout ternie par les situations de précarité criantes qui continuent d’exister sur le terrain.

Les journaux locaux ont récemment fait état d’un campement illégal évacué à Épernay, où des vendangeurs étaient installés faute de solution décente d’hébergement. Comment, dans la capitale du Champagne, peut-on encore accepter que des travailleurs dorment dans des conditions indignes alors qu’ils contribuent directement à la richesse de la région ?

Le cas Abon : un scandale révélateur

Le cas d’Édouard Abon, membre de la majorité municipale d’Épernay, illustre parfaitement ce paradoxe. Alors que l’ancien maire Franck Leroy et son équipe accusent la CGT de noircir le tableau, un élu de leur propre camp s’est vu contraint de démissionner du conseil municipal après la mise en lumière de logements insalubres mis à disposition de vendangeurs.

Cette affaire démontre que ce ne sont pas les syndicats qui inventent des problèmes pour nuire à l’image du Champagne. La réalité est implacable : lorsque des élus ou des vignerons ferment les yeux sur des conditions de vie indignes, c’est toute la filière qui se retrouve éclaboussée.

La responsabilité des élus locaux

Franck Leroy, président d’Épernay Agglo Champagne depuis 2017, président du conseil régional du Grand Est depuis 2023 et toujours membre de la majorité municipale d’Épernay, ne peut balayer ces affaires d’un revers de main. Les vendanges 2025 ont, une fois de plus, mis en lumière l’insuffisance dramatique des dispositifs d’accueil. Face à l’afflux de plus de 100 000 saisonniers en quelques jours, les solutions actuelles d’hébergement se révèlent largement insuffisantes pour garantir des conditions de logement dignes. Il faut une vraie politique d’hébergement, soutenue par les collectivités et respectée par tous les acteurs de la filières.

Or, trop souvent, certains élus locaux et responsables de la filière préfèrent pointer du doigt les syndicats plutôt que de s’attaquer à cette problématique. La démission d’Édouard Abon vient rappeler que l’hypocrisie a ses limites : lorsque les pratiques indignes deviennent visibles, c’est toute une majorité municipale qui se trouve éclaboussée.

La CGT ne salit pas, elle éclaire

Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, la CGT ne salit pas le Champagne. Elle rappelle simplement que la grandeur de l’appellation se mesure aussi au respect de la dignité des travailleurs qui la font vivre. Quand des saisonniers s’entassent dans des abris de fortune délabrés ou dorment sous des tentes aux abords d’Épernay, ce n’est pas un tract syndical qui salit le Champagne : ce sont les conditions imposées par certains employeurs.

La récente manifestation organisée devant l’Agglo d’Épernay en réponse aux attaques de Franck Leroy a montré que les militants ne se tairont pas. La défense du Champagne passe par le respect des droits de l’homme et en l’occurrence par la défense des droits des vendangeurs, et ce lien est indissociable.

Une filière à la croisée des chemins

Face à ces scandales, deux choix s’offrent à la filière Champagne :

  • Soit continuer à accuser les syndicats et fermer les yeux sur les pratiques indignes de certains, au risque de voir se multiplier les scandales médiatiques et judiciaires.
  • Soit assumer la responsabilité collective de loger et de traiter dignement les saisonniers, en reconnaissant que la richesse de l’appellation repose d’abord sur le travail humain.

La CGT Champagne, appelle à l’unité après des « vendanges de la honte ». Loin d’être un obstacle à la réputation de l’appellation, ce travail de vigilance est la seule manière de préserver l’honneur du Champagne sur le long terme.

Alors ?…

Qui salit vraiment la Champagne ? Qui salit vraiment la Champagne ? Certainement pas la CGT, qui fait son devoir de vigilance. Ce sont plutôt les comportements irresponsables d’une minorité de vignerons et de prestataires, sur lesquels trop d’élus – souvent les maires de leur village – choisissent de fermer les yeux, qui abîment l’image collective de toute une région. L’affaire Abon et les campements insalubres d’Épernay rappellent que la Champagne ne peut pas se contenter de belles bulles et de beaux discours. Elle doit aussi garantir la dignité de celles et ceux qui la font vivre.

« Ensemble pour les vendanges » ne doit pas être simplement un beau slogan pour engager la filière, mais la démonstration que tous ses acteurs doivent unir leurs forces pour éradiquer les agissements de cette minorité qui salit la Champagne.

Sources