Le 18 septembre 2025, plus d’un million de travailleuses, travailleurs, jeunes et retraités ont défilé partout en France, à l’appel de l’intersyndicale. À Paris comme en province, la colère contre l’austérité s’est exprimée avec force. © La CGT
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 22 septembre 2025
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Un million de manifestants, une colère unanime contre l’austérité, et désormais un ultimatum au gouvernement. Le 18 septembre a marqué un tournant : la mobilisation a été massive, combative et unitaire. Désormais, la CGT et l’ensemble de l’intersyndicale préviennent : si le Premier ministre Sébastien Lecornu n’apporte pas de réponses claires d’ici au 24 septembre, une nouvelle journée de grève et de manifestations sera décidée. La balle est dans son camp.
📺 À voir en bas de l’article : la vidéo de l’interview de Sophie Binet dans l’émission C dans l’air du 18 septembre 2025.
Une colère sociale qui explose dans tout le pays
Jeudi 18 septembre, partout en France, la rue a parlé d’une seule voix. Selon les syndicats, un million de personnes ont manifesté dans plus de 250 rassemblements, et des centaines de milliers ont cessé le travail. Fonctionnaires, cheminots, enseignants, hospitaliers, salariés du privé, jeunes et retraités : toutes et tous ont exprimé la même colère face à un budget d’austérité qui attaque les droits sociaux et les services publics.
Du nord au sud, d’est en ouest, le constat était le même : assez de sacrifices imposés au monde du travail, alors que les grandes fortunes continuent de prospérer. À Paris, la banderole de tête donnait le ton : « Stop à l’austérité, unis pour la justice sociale, fiscale et environnementale ». À Marseille, Nantes, Lille ou Grenoble, les témoignages se sont multipliés, traduisant une exaspération profonde et un espoir tenace : voir enfin l’État cesser de frapper toujours les mêmes et commencer à faire payer les plus riches
Le gouvernement s’est déjà vu contraint de reculer sur un point : l’abandon de la suppression de deux jours fériés travaillés gratuitement. Mais pour les syndicats, « le compte n’y est pas ».
L’intersyndicale en position de force
Le lendemain de la mobilisation, les huit organisations de l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) se sont réunies au siège de la CGT à Montreuil. Leur constat est clair : la réussite du 18 septembre place le monde du travail en position de force
Elles exigent désormais :
- l’abandon de l’ensemble du projet de budget d’austérité, avec le retrait du doublement des franchises médicales, de la « désindexation » des pensions et des prestations sociales, de la suppression de 3000 postes de fonctionnaires et de la réforme de l’assurance chômage ;
- une véritable justice fiscale, en taxant les gros patrimoines et les très hauts revenus, et en contraignant le versement de dividendes colossaux ;
- la conditionnalité sociale et écologique des 211 milliards d’euros d’aides publiques accordées chaque année aux entreprises ;
- des moyens budgétaires massifs pour renforcer les services publics sur tout le territoire ;
- une protection sociale de haut niveau et l’abandon définitif du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ;
- des investissements pour une transition écologique juste et pour la réindustrialisation du pays ;
- des mesures efficaces contre les licenciements.
Sophie Binet : « Nous exigeons que ce budget soit enterré »
Dans le cortège parisien, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a rappelé l’essentiel : « Nous exigeons que Sébastien Lecornu réponde à cette démonstration de force. Il faut que ce budget soit enterré. Il n’y aura pas de stabilité politique s’il n’y a pas de justice sociale. »
Elle a dressé la liste des attaques auxquelles il faut mettre un coup d’arrêt : franchises médicales, réforme de l’assurance chômage, baisse des pensions et prestations sociales, suppressions de postes dans la fonction publique. Autant de mesures qui aggraveraient encore les inégalités et dégraderaient la vie quotidienne de millions de personnes
À ses côtés, Marylise Léon (CFDT) a dénoncé l’indécence du débat public focalisé sur la prétendue « stigmatisation des riches », alors que l’urgence est ailleurs : « Ceux-là ne sont que 2 000, alors qu’on parle de 10 millions de personnes en situation de pauvreté. »
La balle est dans le camp de Lecornu
L’intersyndicale a donné au Premier ministre un délai clair : jusqu’au mercredi 24 septembre pour répondre. Passé ce délai, une nouvelle journée nationale de grève et de manifestations sera organisée.
En réalité, tout est entre les mains du gouvernement. Soit il entend la colère qui monte du pays et répond aux revendications de justice sociale, fiscale et écologique. Soit il persiste dans sa fuite en avant austéritaire et affrontera un nouveau front social.
La CGT, dans son communiqué, a prévenu : « La manifestation du 18 septembre envoie un avertissement clair au gouvernement : la colère sociale se renforce. Cela confirme l’exaspération profonde du pays face à la stratégie de passage en force menée sans relâche par le chef de l’État, au service des plus riches et des grandes entreprises. »
Maintenir la pression, élargir la mobilisation
D’ici là, les organisations syndicales appellent les travailleuses et travailleurs à maintenir la pression. Assemblées générales dans les entreprises et les services, réunions d’information, actions locales : la bataille doit se poursuivre partout, jusque dans les plus petits ateliers, services ou administrations
Car la réussite du 18 septembre n’est pas un aboutissement, mais un point d’appui. La colère exprimée doit se transformer en rapport de force durable, capable de faire plier un gouvernement qui n’a que trop longtemps ignoré les revendications du monde du travail.
Ultimatum social : une réponse est attendue
Le 18 septembre 2025 restera comme une date clé dans la construction d’un front syndical uni face à l’austérité. Mais ce n’est qu’une étape. La détermination affichée par la CGT et l’ensemble de l’intersyndicale montre que rien n’est joué d’avance. L’ultimatum lancé au Premier ministre est un avertissement solennel : soit le gouvernement change de cap, soit la rue reprendra la parole avec encore plus de force.
La CGT appelle à rester mobilisés, organisés et combatifs. Car c’est par l’action collective que nous pourrons imposer la justice sociale, fiscale et écologique, et ouvrir la voie à un autre avenir pour le pays.
📺 Ci-dessous : la vidéo de l’interview de Sophie Binet dans l’émission C dans l’air du 18 septembre 2025.