Expéditions en baisse, forte sortie de trésorerie et consommation mondiale en recul : le patronat du Champagne brandira ces arguments lors des NAO 2026. La CGT appelle les élus et salariés à la lucidité et à se préparer à la mobilisation pour défendre salaires et conditions de travail.© IA CGT champagne.
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 31 octobre 2025
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La presse locale décrit une baisse mondiale de la consommation de vin et un ralentissement des expéditions de Champagne. Des chiffres provisoires, parfois alarmistes, que le patronat utilisera sans hésiter pour justifier l’austérité salariale. La CGT Champagne, elle, refuse ce catastrophisme et réfléchit à la riposte pour les NAO de janvier 2026.
Expéditions en baisse, la crise mondiale du vin rattrape le Champagne
Alors que les vendanges à peine terminées laissent entrevoir un paysage contrasté, la presse locale avance que la consommation mondiale de vin entre dans une crise de long terme (L’Union, « Régions et élus du vin alertent l’Europe avant que la filière tourne au vinaigre »).
Les chiffres du Champagne, encore provisoires, démontre un ralentissement de la chute des expéditions, mais celles-ci resteraient sur une pente descendante (L’Union, « Le Champagne ralentit sa glissade au mois de septembre »).
À fin septembre 2025, la Champagne expédiait environ 269,4 millions de bouteilles sur douze mois glissants, en dessous de la barre symbolique des 270 millions. En quatre ans, ce seraient près de 70 millions de bouteilles qui se seraient évaporées. Le marché français pèserait de moins en moins dans les équilibres de la filière, tandis que les exportations peineraient à se maintenir.
Cette déconsommation mondiale touche désormais aussi le Champagne, qui selon l’Union, demeure néanmoins une filière privilégiée par rapport à bien d’autres vignobles.
Le patronat dispose de nombreux d’arguments économiques
C’est dans ce climat que s’ouvriront, en janvier 2026, les prochaines négociations annuelles obligatoires (NAO) dans la branche Champagne. Et nous savons déjà sur quoi le patronat s’appuiera.
Pas besoin d’être devin ! Il reprendra le même refrain qu’en 2025 : agiter la baisse de la consommation mondiale, les risques de surproduction et les menaces sur les revenus. Mais il ajoutera aussi des arguments spécifiques à notre filière, comme l’obligation d’achat des raisins jusqu’à 9 000 kg/ha, qui a contraint les Maisons à décaisser une trésorerie plus lourde que nécessaire.
Rappel des NAO de janvier 2025 : un goût amer
Souvenons-nous des NAO de janvier 2025. La proposition patronale finale était de +1,5 % sur le barème et +5 % sur la prime de vacances. La CGT, avec l’intersyndicale, a dénoncé une mesure insuffisante et revendiqué +2,4 % et une réflexion sur de nouveaux indicateurs.
Michel Letter, au nom de la délégation patronale, a refusé toute indexation sur le SMIC, arguant de son illégalité, et a défendu sa méthode basée sur l’inflation moyenne annuelle sans pour autant l’appliquer. En effet, sa proposition de 1,5 % restait en deçà de l’inflation moyenne annuelle fixée à 1,8 % par l’INSEE. Il a même avancé que le barème de salaires de la convention collective avait progressé de +9,8 entre 2022 et 2025 (5,8 % en 2023 et 4 % en janvier 2024), contre +7,3 % seulement pour le SMIC sur la même période.
L’issue fut claire : faute d’accord majoritaire, un constat de désaccord a été dressé. Et la délégation patronale a imposé une recommandation patronale de +1,1 % au 1er mars 2025. Voilà la preuve que, sans rapport de forces, les NAO se terminent toujours au détriment des salariés.
2026 : un scénario déjà écrit ?
Tout laisse penser que les NAO 2026 suivront la même logique si nous ne préparons pas le terrain. Le patronat viendra avec ses chiffres, qui noirciront le tableau plus qu’il ne l’est réellement et utilisera ces données comme levier pour limiter les augmentations.
Et pourtant, derrière ce discours alarmiste, la réalité est connue : le prix moyen de la bouteille a dépassé les 20 € HT départ cave en 2023 et a encore progressé en 2024. La stratégie de valorisation continue de porter ses fruits pour les Maisons et portera le chiffre d’affaires au-delà de 5 milliards d’euros. Pour autant, ce sont toujours les salariés qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder.
La CGT Champagne : lucidité et mobilisation
La CGT Champagne refuse ce catastrophisme. Oui, la consommation mondiale ralentit. Oui, le marché français recule. Mais notre filière reste privilégiée et les Maisons disposent de marges. Les salariés refusent d’être une fois de plus la variable d’ajustement et de voir leurs salaires maintenus en dessous de l’inflation moyenne établie par l’INSEE.
C’est pourquoi nous affirmons que les NAO de janvier 2026 s’annoncent ardues. Le patronat prépare ses arguments. À nous de préparer les nôtres. Nous devons rappeler sans relâche que les efforts demandés aux salariés ne se justifient pas au regard des bénéfices tirés de la valorisation.
Préparer la riposte
Les faits sont clairs : les chiffres provisoires un brin alarmistes seront brandis comme des armes par les employeurs. Les NAO 2026 ne seront pas une négociation de salon : ce sera un rapport de forces.
La CGT Champagne appelle ses élus à la lucidité et à la préparation de la mobilisation. Lucidité, pour ne pas tomber dans le piège du catastrophisme patronal. Mobilisation, parce que rien ne s’obtiendra sans unité et sans action collective.
En janvier 2026, il s’agira de montrer que les salariés du Champagne savent défendre leur dignité et leurs salaires, face à un patronat qui, quoi qu’il en dise, reste assis sur une filière de luxe, dont le chiffre d’affaires dépassera sans aucun doute la barre des 5 milliards d’euros à la fin d’année 2025.
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