Les salariés la Maison Moët & Chandon- Ruinart, Vve Clicquot-Krug à Épernay et Reims, ainsi que ceux de tous les vignobles cessent le travail pour dénoncer la chute de leurs revenus dans un groupe qui continue d’engranger des milliards. @CGT Champagne
✍️Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 05 décembre 2025
⏱️Temps de lecture 4 minutes
Ce vendredi 5 décembre 2025, une grève est en cours dans plusieurs établissements du groupe LVMH en Champagne, dans les Maisons comme dans le vignoble. En cause : la chute brutale des rémunérations, des suppressions d’emplois massives et un sentiment d’injustice face au partage extrêmement inégal des richesses.
Une vidéo du journal télévisé ICI France 3 Champagne-Ardenne – édition 12/13 du vendredi 5 décembre 2025 est disponible en bas de l’article, avec des images des sites à l’arrêt et des témoignages de salariés.
Une grève suivie massivement dans toute la filière Champagne de LVMH
Ce vendredi 5 décembre, les salariés des Maisons de Champagne du groupe LVMH ont cessé le travail, notamment chez Moët & Chandon, Ruinart, Veuve Clicquot, Krug, Dom Pérignon et Mercier, ainsi que dans le vignoble. La consigne était claire : rester chez soi, ne pas produire, mettre à l’arrêt complet l’activité. Selon le journal télévisé ICI 12/13 Champagne-Ardenne, entre 85 % et 90 % des salariés étaient en grève dans la branche Champagne du groupe. Aucun piquet de grève, mais des sites à l’arrêt total : une véritable « journée morte » dans des Maisons parmi les plus prestigieuses du monde.
Une décision historique : zéro participation pour la première fois depuis 1967
Pour la première fois depuis la création de Moët-Hennessy en 1967, aucune prime de participation ne sera versée cette année. Une décision sans précédent, lourde de conséquences. Les syndicats estiment que cette suppression représente une perte directe de 10 à 30 % du salaire annuel pour chaque salarié. Des milliers d’euros disparaissent ainsi du budget des familles, en une seule année.
« Quand on perd un droit, on ne le retrouve jamais »
Sur France 3, un salarié de Moët & Chandon, fort de 30 ans de carrière, résume avec une grande justesse l’inquiétude qui traverse les Maisons. Il rappelle qu’un jour férié supprimé il y a plusieurs années n’a jamais été rétabli et alerte aujourd’hui sur une spirale : après la participation, ce pourrait être l’intéressement, puis le treizième et quatorzième mois qui seraient remis en cause. Il indique que près de 30 % de son revenu annuel dépend des primes, et que toucher à ces éléments revient à attaquer directement le niveau de vie des familles.
Des profits colossaux… mais des sacrifices pour les salariés
La colère est d’autant plus forte que les chiffres du groupe ne justifient en rien une telle rigueur salariale. Entre janvier et septembre 2025, LVMH affiche 58 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Pour la seule filiale Champagne, les syndicats évoquent près de 220 millions d’euros de bénéfices.
Les salariés ne contestent pas l’existence de difficultés conjoncturelles, mais refusent qu’une baisse relative de performance se traduise par un effacement total de droits acquis pendant des décennies.
Des suppressions d’emplois massives derrière le vernis du luxe
Au recul des salaires s’ajoute un plan social d’ampleur. Selon les tracts syndicaux, 1 200 suppressions d’emplois sont programmées chez Moët-Hennessy, dont 450 déjà réalisées.
Derrière l’image de prestige, les effets sont bien réels sur le terrain : équipes réduites, charge de travail accrue, inquiétude permanente pour l’avenir. À chaque réorganisation, les effectifs diminuent, mais les exigences demeurent intactes.
Taxe Zucman : des efforts pour les salariés, rien pour les grandes fortunes
La colère sociale s’inscrit dans un cadre plus large d’injustice fiscale. Pendant que les salariés subissent une baisse de revenus allant de 10 à 30 %, Bernard Arnault s’oppose à la taxe Zucman de 2 %, destinée aux plus grandes fortunes.
Pour beaucoup, le message est limpide : les sacrifices sont pour ceux qui travaillent, jamais pour ceux qui accumulent. Là où les salariés perdent immédiatement des milliers d’euros, les ultra-riches refusent toute contribution supplémentaire, même symbolique.
Zéro participation, zéro activité
Chez Moët & Chandon, Ruinart, Veuve Clicquot et Krug, le mot d’ordre était clair : zéro participation, zéro activité. Les salariés ont également refusé de participer aux opérations de communication interne, notamment à la « Christmas Party », jugée indécente dans un tel contexte social.
Le soutien de la CGT Champagne
La CGT Champagne apporte tout son soutien aux salariés et relaie les informations de terrain. Elle rappelle que cette grève pose une question centrale : comment accepter que les profits se maintiennent pendant que les salaires reculent et que l’emploi disparaît ?
Ce vendredi, dans les caves, les bureaux et les vignes, un message a été envoyé clairement : il n’y a pas de luxe sans travail. Et il n’y a pas de Champagne sans ceux qui le produisent.
Télécharger l’article : Grève chez MHCS : dans les Maisons et dans le vignoble, les salariés disent stop
Sources :
– Tract CGT / CGT UGICT LVMH – Branche Vins & Spiritueux
– Tract CGT Moët-Hennessy – Grève du 5 décembre 2025
