Sous couvert de la taxe américaine, les grandes maisons chercheront à préserver leurs marges. La CGT Champagne refuse que les salariés en paient le prix © Patrick Lefevre / MAXPPP
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 26 août 2025
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La taxe américaine de 15 % sur le champagne sera t’elle le nouvel alibi patronal. Déjà, certains parlent de “coup de massue” pour toute la filière. Mais derrière ces discours alarmistes, la CGT Champagne alerte : ce prétexte risque de servir non seulement à freiner les augmentations salariales en 2026, mais aussi à justifier des gels d’embauches et, pourquoi pas, de futurs plans sociaux.
Un « coup de massue » qui arrange les discours patronaux
La taxe américaine de 15 % sur le champagne est désormais actée. Dès l’annonce, Maxime Toubart, président du SGV, a parlé d’un « coup de massue » pour la filière. Mais la CGT Champagne refuse cette dramatisation qui vise avant tout à protéger les intérêts patronaux et à préparer les arguments pour les prochaines négociations sociales.
La réalité : des géants qui s’en sortent, des fragiles qui trinquent
Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint de la CGT Champagne, remet les choses en perspective : ce sont principalement les grandes maisons qui exportent vers les États-Unis, et elles ont les moyens de négocier avec les distributeurs pour amortir l’impact de cette taxe. Ce ne sont pas elles qui risquent le plus d’être étranglées, mais bien certains petits exploitants viticoles et les ouvriers des vignes et des caves, déjà fragilisés par la pression économique et la précarité qui galope.
Quand Toubart dit « la filière », il élude les inégalités
Quand Maxime Toubart parle au nom de « la filière », il ne dit pas que cette taxe ne frappera pas tout le monde de la même façon. D’un côté, les grandes maisons disposent de marges considérables et engrangent des bénéfices records, de l’autre, des exploitations familiales qui vont trinquer bien d’avantage ainsi que des milliers de salariés vivant avec des salaires qui ne couvrent pas toujours le coût de la vie.
Une hypocrisie bien commode
La CGT Champagne dénonce une hypocrisie : le discours patronal alarmiste va servir de bouclier aux maisons de champagne. Car soyons clairs : nous avons échappé au pire. Les menaces de Donald Trump d’imposer 200 % de droits de douane auraient été un véritable désastre. Face à cela, 15 % reste un niveau certes pénalisant, mais supportable pour les géants de la filière. Pourtant, au lieu d’assumer cette réalité, le SGV préfère faire croire que tout le monde sera touché de la même manière.
2026 : des négociations sous chantage ?
Et demain ? Ne verra-t-on pas les directions des grandes maisons brandir cette taxe comme un alibi pour minorer les augmentations salariales lors des négociations paritaires de 2026 ? Ne chercheront-elles pas à expliquer que « la situation est trop fragile » pour justifier des hausses de salaires minimales, voire inexistantes ? N’utiliseront-elles pas aussi ce prétexte pour geler les embauches, ralentir les recrutements de salariés, ou pire, préparer le terrain à de futurs plans sociaux sous couvert de « sauvegarder la compétitivité » ?
La réponse de la CGT : vigilance et mobilisation
La CGT Champagne le dit avec force : il est hors de question que cette taxe devienne une excuse pour bloquer les salaires, supprimer des emplois et attaquer les droits sociaux. Les salariés des vignes et des caves, tout comme ceux des petits producteurs, n’ont pas à payer les choix politiques des États-Unis ni les calculs financiers des grandes maisons.
Notre vigilance et notre mobilisation seront déterminantes dans les mois à venir.
Sources :
– L’Union, « Le champagne sera bien taxé à 15 % aux États-Unis, la filière sonnée », édition S34.
– Libération, « Guerre commerciale – “Une douche froide pour le secteur” : le vin français va trinquer avec des droits de douane à 15 % », propos de Philippe Cothenet (CGT Champagne).