À la Foire de Châlons, François Bayrou esquive la colère populaire : la CGT lui rappelle que le mépris ne passera pas. ©Archive l’Union
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 01 septembre 2025
⏱️Temps de lecture 6 minutes
Vendredi 29 août 2025, la 79e Foire de Châlons a été inaugurée dans une atmosphère tendue et inédite. Tandis que François Bayrou, Premier ministre, tentait une visite encadrée et sans éclat, plus de 200 manifestants, parmi lesquels de nombreux militants de la CGT Champagne, ont exprimé leur colère face au mépris gouvernemental. Retour sur une journée marquée par l’affrontement entre une mobilisation sociale légitime et un pouvoir sourd, barricadé derrière ses CRS.
🎥 Une vidéo de cette mobilisation est disponible en bas de l’article.
Une mobilisation préparée et déterminée
Dès les premières heures de la matinée, militantes et militants de la CGT, accompagnés de Solidaires, FO, FSU et Unsa, se sont rassemblés aux abords de la Foire de Châlons. L’appel avait été largement diffusé sur les réseaux sociaux et relayé dans les sections syndicales. Le rendez-vous était fixé à 9 heures devant l’entrée principale. Peu à peu, le comité d’accueil s’est étoffé jusqu’à atteindre plus de 200 personnes.
La CGT Champagne, mobilisée, a répondu présente. L’objectif était clair : faire entendre la voix des travailleurs champenois, confrontés à des conditions de plus en plus précaires, dans un contexte où le gouvernement multiplie les discours austéritaires et élude systématiquement la question des salaires, de l’emploi et des conditions de travail.
Le mépris en guise de réponse
À 9 h 45, François Bayrou faisait son entrée sur le site… mais par une porte secondaire, soigneusement choisie pour éviter le face-à-face avec le rassemblement syndical. La manœuvre n’a trompé personne. Très vite, les premières images de sa présence circulaient. Pour les manifestants, l’évidence s’imposait : le Premier ministre avait sciemment contourné celles et ceux qui attendaient un échange.
« C’est du mépris le plus total », a dénoncé Ghislain Bride, secrétaire général de l’Union départementale CGT de la Marne. Le sentiment était partagé par l’ensemble des militants. Ce refus de confrontation directe a renforcé la colère et accentué le fossé entre un gouvernement enfermé dans ses certitudes et une population qui exige des réponses concrètes.
Un climat explosif devant l’entrée
Face à cette provocation, la tension est montée. Plusieurs manifestants ont tenté d’entrer sur le site par la grande porte. Une partie du cortège a cherché à forcer le passage, mais s’est retrouvée bloquée par un dispositif policier hors normes. Plus d’une vingtaine de CRS ont été dépêchés pour repousser les manifestants. L’atmosphère est vite devenue électrique, les noms d’oiseau ont fusé, et les visages se sont crispés.
La CGT, aux côtés du député européen Anthony Smith (LFI), a tenté de négocier avec la préfecture pour apaiser la situation. Mais dans le même temps, la sécurité autour de François Bayrou était encore renforcée. Le président de la Foire, Bruno Forget, lui-même, a tenté de calmer les esprits, reconnaissant publiquement le droit à l’expression des manifestants.
Il aura fallu attendre plus d’une heure pour que les portes soient rouvertes, vers 11 h 30. Les militants, toujours en colère mais résolus, ont finalement pu entrer sur le site, bien décidés à poursuivre la mobilisation.
Une visite sans éclat et sans panache
À l’intérieur, François Bayrou a poursuivi sa déambulation dans une ambiance morne. Son discours, confus et mal préparé, a laissé une impression d’improvisation et de décalage total. Au Carrefour des collectivités, il a même confondu ses notes, déclenchant l’impatience d’une partie du public. Une élue locale a lâché à voix haute : « Si on s’ennuie déjà à 10 heures, ça va être long… ».
Le Premier ministre a ensuite commis une nouvelle erreur en annonçant son « retour dans la Marne dimanche prochain », alors qu’il s’agissait en réalité de la Seine-et-Marne. Une maladresse de plus qui a mis mal à l’aise ses propres équipes.
Sous étroite surveillance, Bayrou a enchaîné les gestes protocolaires : contempler les animaux, observer les matériels agricoles, échanger quelques mots convenus avec la FNSEA, tremper les lèvres dans une coupe de Champagne. Mais il n’a pris aucun temps pour répondre aux interrogations des visiteurs. Ceux qui ont tenté de l’interpeller ont été ignorés ou éconduits.
La CGT Champagne en première ligne
Pour la CGT, cette journée est un révélateur puissant : un gouvernement replié sur lui-même, qui fuit le peuple et refuse le dialogue, face à des travailleurs qui n’acceptent plus d’être méprisés.
Cette mobilisation n’est pas un point final. Elle s’inscrit dans la continuité des luttes menées dans la filière Champagne et au-delà, contre les politiques d’austérité, contre le blocage des salaires et pour la défense de la dignité des travailleurs. Comme le soulignait Fabien Renault, Secrétaire général de l’UL CGT de Châlons en Champagne, cette confrontation « va laisser des traces ».
Bref…
L’inauguration de la 79e Foire de Châlons, censée être une vitrine de convivialité et de rencontres, s’est transformée en démonstration de force d’un gouvernement aux abois. François Bayrou, coupé du réel, a offert l’image d’un Premier ministre isolé, incapable d’assumer le dialogue social.
Face à cela, la CGT Champagne, aux côtés de l’ensemble du mouvement syndical, a prouvé sa détermination à défendre les travailleurs et à ne pas laisser passer le mépris. Cette journée ne s’arrête pas aux portes de la Foire : elle ouvre une nouvelle étape dans la mobilisation pour la justice sociale.
🎥 La vidéo de cette mobilisation ci-dessous :
Sources :
L’Union, « Un Bayrou d’honneur sans panache à la Foire de Châlons », Stéphanie Jayet, 30 août 2025 »