Note de l’Intersydicat CGT du champagne :
Cet excellent reportage d’Élise Lucet intérroge à plus d’un titre. Alors, posons nous les bonnes questions ! Tout comme en champagne, d’où vient cette pénurie de main d’oeuvres en Gironde ? Est-ce les salariés français qui ne veulent plus travailler dans les vignes où les viticulteurs qui ne font rien pour rendre attractif ce secteur d’activité en améliorant, par exemple, les conditions de travail et en augmentant les rémunérations ? Ne préfèrent-ils pas se faciliter la tâche et réduire leurs coûts d’exploitation, en déléguant la culture de leurs vignobles à des prestataires de services ?
Selon notre syndicat, le développement exponentiel de ce mode de gestion des exploitations viticoles s’apparente à une forme d’uberisation du travail…
Quoi qu’il en soit, le recours aux prestataires de services, que l’on soit en Champagne, en Gironde ou partout ailleurs, est malheureusement dans la plupart des cas synonyme “d’exploitation de la misère humaine”.
N’est-on pas en train d’assister au retour des “seigneurs et des manants” ? Alors oui, tout comme en Champagne, il y a des notes marquées de misère dans les arômes des préstigieux grands crus de Bordeaux !
Grands crus, grande misère
Un reportage de Julien Fouchet, Victor Di Bartolo, Floriane Chaume, Fabrice Fuzillier et Pascal Drapier, diffusé sur France 2, le 26 octobre 2023.
A Margaux, Saint-Estèphe ou Pauillac, dans le Médoc, les vignes ont structuré le paysage. Leurs appellations ont fait de la région un fleuron du luxe à la française. Première étape de la confection de ces vins d’exception, les vendanges qui débutent à la mi-septembre. Une armée de l’ombre embauche alors chaque jour à l’aube jusqu’à la fin de la récolte. Des saisonniers roumains, bulgares, portugais ou espagnols fourmillent ainsi dans les vignes aux côtés de gens du voyage. Des milliers de petites mains que les châteaux préfèrent garder cachés…
De nombreux viticulteurs font appel à des sociétés prestataires qui embauchent une main-d’œuvre saisonnière souvent venue de l’étranger, payée au smic, parfois avec des conditions de travail très pénibles et des logements indécents. Des emplois éreintants, et surtout précaires, qui ne reflètent en rien le luxe des grands crus. Entre missions saisonnières et temps partiels, le secteur viticole a engendré un couloir de pauvreté le long de l’estuaire de la Gironde. Dans le Médoc, ce couloir se superpose à celui des crus les plus prestigieux…
Présenté par : Elise Lucet