Devant l’Agglo d’Épernay, la CGT Champagne lance sa caravane des vendanges et répond aux attaques de Franck Leroy : défendre la dignité des vendangeurs, c’est protéger l’honneur du Champagne. © l’Hebdo du vendredi

✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 04 septembre 2025

⏱️Temps de lecture 5 minutes

Accusée à tort de « salir la Champagne » par Franck Leroy, président d’Épernay Agglo Champagne et de la Région Grand Est, la CGT Champagne a répondu publiquement ce 1er septembre devant les locaux de l’Agglo. Loin de se laisser intimider, elle a lancé officiellement sa caravane des vendanges 2025. Objectif : défendre la dignité des vendangeurs, dénoncer les abus d’une minorité d’exploitants ou prestataires et appeler l’ensemble de la filière à agir collectivement contre l’exploitation de la misère humaine.

📽️ Une vidéo du rassemblement est disponible en bas de cet article.

Ce lundi 1er septembre, plusieurs dizaines de militants CGT se sont rassemblés à Épernay pour répondre aux attaques verbales de Franck Leroy. Celui-ci, par voie de presse, a accusé la CGT de nuire à l’image de la Champagne en dénonçant les dérives sociales qui entachent chaque année la période des vendanges. Pour la CGT, c’en est trop : non seulement elle ne salit pas la Champagne, mais elle est au contraire l’un de ses principaux remparts face aux scandales d’exploitation.

Un combat lancé depuis 2018

Comme l’a rappelé Gislain Bride, secrétaire de l’Union départementale CGT de la Marne, la caravane des vendanges ne date pas d’hier. Elle a été créée en 2019, dans le sillage du scandale de traite d’êtres humains à Oiry en 2018. Depuis, elle sillonne chaque année le vignoble pour aller au contact des vendangeurs et mettre en lumière les abus trop souvent passés sous silence. « La CGT sera toujours aux côtés des opprimés », a-t-il martelé, rappelant que sans ces mobilisations, de nombreuses affaires auraient été étouffées.

Rectifier les contre-vérités de Franck Leroy

José Blanco, secrétaire général de l’Intersyndicat CGT du Champagne, a tenu à répondre point par point aux propos du président de Région. Contrairement à ses accusations, la CGT n’a jamais mis « toute la profession dans le même panier ». Elle distingue clairement entre la majorité des vignerons et maisons qui travaillent dans les règles, et une minorité de prestataires ou d’exploitants sans scrupules qui organisent la surexploitation. Ces derniers, bien connus des autorités et des donneurs d’ordre, profitent de la main-d’œuvre étrangère pour tirer les salaires vers le bas et fragiliser l’emploi local. « Ceux qui salissent la Champagne, ce n’est sûrement pas la CGT, ce sont ceux qui tolèrent les bidonvilles et les conditions indignes », a insisté José Blanco.

Il a rappelé que l’Agglo, dont Franck Leroy est président, ne pouvait ignorer la situation : c’est bien elle qui mettait à dispositions organisait les tournées de ramassage des ordures dans les camps de fortune, preuve qu’elle avait connaissance des bidonvilles. Depuis 2022, la CGT dénonce ces situations. Les camps démantelés ne se sont jamais relevés, preuve que l’action syndicale a un impact concret.

La mémoire des drames passés

Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint de l’Intersyndicat, est revenu sur les luttes de ces dernières années. Dès 2018, la CGT avait alerté les autorités sur les risques liés aux conditions d’hébergement et de travail. À plusieurs reprises, elle avait soumis des propositions concrètes pour améliorer la situation. Mais malgré les auditions au ministère et les plans de travail élaborés, elle n’a pas été entendue. En 2023, les drames sont venus confirmer ces avertissements : bidonvilles démantelés, hébergements indignes, et surtout cinq morts passés presque sous silence.

Pour Philippe Cothenet, il est d’autant plus choquant que Franck Leroy s’autorise à attaquer la CGT alors qu’il n’a participé à aucune des réunions de fond sur le sujet. « Nous avons travaillé sans relâche, au niveau local, national et même européen, mais les lanceurs d’alerte sont toujours dénigrés », a-t-il regretté, avant de conclure par une formule qui a marqué le rassemblement : « Plus une société s’éloigne de la vérité, plus elle hait ceux qui la révèlent. »

Agir ensemble pour des vendanges dignes

Face aux accusations de Franck Leroy, l’Intersyndicat CGT du Champagne tient à clarifier sa position. Il salue les efforts déjà réalisés par certaines grandes maisons et par de nombreux vignerons en matière d’hébergement des vendangeurs. Ces initiatives vont dans le bon sens et doivent être poursuivies. Mais loger dignement plus de 100 000 saisonniers chaque année, pour une période concentrée de 8 à 10 jours, demande des solutions plus ambitieuses que le simple recours à l’hôtellerie ou aux locations de type Airbnb, insuffisantes pour absorber un tel afflux de main-d’œuvre. C’est pourquoi la CGT appelle l’ensemble des acteurs – maisons, vignerons, prestataires et pouvoirs publics – à se mobiliser collectivement pour que les vendanges ne soient plus jamais associées à l’exploitation de la misère humaine.

La caravane des vendanges est lancée

Le rassemblement du 1er septembre a aussi marqué le coup d’envoi de la caravane des vendanges 2025. Comme chaque année, elle sillonnera le vignoble pour informer les vendangeurs de leurs droits, distribuer du matériel syndical et dénoncer les abus. Plus que jamais, elle portera un message clair : la Champagne ne doit pas être synonyme d’exploitation de la misère humaine, mais de dignité et de solidarité.

Sources :

Interventions de José Blanco, Philippe Cothenet et Gislain Bride, rassemblement CGT devant l’Agglo d’Épernay (vidéo du rassemblement du 01/09/2025).

L’Union, « Ce n’est pas la CGT qui salit la Champagne ».

L’Union, « En réponse à Franck Leroy, la CGT manifeste devant l’Agglo d’Épernay » .

📽️ La vidéo du rassemblement.