CGGEVI

La COGEVI projette de supprimer 8 postes

Grève devant la COGEVI

A l’annonce de la suppression de 8 postes, les salariés de la COGEVI se sont mis en grève.

Aÿ La coopérative, en grande difficulté financière, a annoncé un plan de licenciement de huit postes. Le site d’Aÿ pourrait être mis en sommeil au profit de celui d’Oger.  

Rien ne va plus à la Cogevi. Après avoir annoncé un déficit de 6,3 millions d’euros lors de son assemblée générale, le 30 septembre, la direction a présenté le 9 novembre, un projet de suppression de huit postes sur les 67 que compte la coopérative. Une annonce qui a aussitôt eu pour effet de déclencher une grève, « suivie par 95 % des ouvriers », précise David Hazard, délégué syndical CGT à la Cogevi. Et si salariés et syndicats sont en colère, c’est parce que le marasme économique dans lequel se débat la plus ancienne coopérative de Champagne aurait pu, selon eux, être évité. « Les signaux d’alerte ont été nombreux, explique David Hazard qui rappelle que, dès 2017, le changement de méthode de valorisation des stocks de vins clair, qui a mis en évidence une sur-évaluation des stocks, a eu pour conséquence une baisse des capitaux propres de la coopérative de 17 millions d’euros . »

UN MANQUE DE CONTRÔLE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ?

Le délégué syndical évoque également le non versement d’une prime de 15 centimes du kilo en 2016. « La directrice administrative et financière avait dit que le déficit de la Cité du Champagne n’était pas imputable dans les comptes de résultats de l’entreprise (…) Sauf que le matin même où les comptes devaient être arrêtés, les commissaires aux comptes ont prévenu que ce n’était pas possible, qu’il fallait inscrire le déficit de notre filiale dans le résultat et qu’in fine ça avait pour conséquence de ne pas pouvoir verser les 15 centimes promis mais seulement 7. Donc quand on a des résultats comme ça, on se pose quand même des questions sur la véracité des dires de la directrice financière, non ? »

David Hazart indique que les banques sont venues poser des grilles en dépossession de bien sur un stock de bouteilles

Une directrice qui ne fait plus partie des effectifs suite à plusieurs erreurs. « Elle aurait comptabilisé deux fois des stocks, une erreur à hauteur de 965 000 euros, qui aurait masqué la perte des marges. Sans cette erreur, en 2018, au lieu d’avoir un résultat positif, nous aurions eu un résultat négatif de moins 300 000 euros. » Ce qui aurait permis d’alerter le conseil d’administration sur la mauvaise santé financière de la Cogevi. Conseil d’administration à qui la CGT reproche un manque de contrôle. Le syndicat s’insurge également de la façon dont l’ancien président, Jacques Marquette, et l’ancien directeur Olivier Charriaud, ont géré la sortie du groupe Alliance. « Cela a été fait dans le dos du conseil d’administration, qui n’a pas donné son accord. On s’est désengagé du groupe par une lettre de résignation, sans avoir négocié les contre-parties. (…) » Les raisons ? « D’après Jacques Marquette, il y avait début août la pression des banques, les échéances de paiement de raisin et des salariés… » Une fuite en avant qui aurait conduit à prendre des décisions dans l’urgence. Problème : si cette sortie a permis à la Cogevi de récupérer ses parts sociales, et ainsi faire face aux créances immédiates, elle a perdu en contrepartie une partie de son activité. « En nous enlevant les marques d’Alliance, qui sont Jacquart et Montaudon, on a une chute d’activité et ils se servent de ça pour engager un plan de licenciement, regrette David Hazard. On passe de 1,6 millions de bouteilles en prestation de service pour Alliance à 200 000 en 2020 et l’an prochain ça sera zéro. »

Intersyndicat devant la COGEVI

Une situation délicate pour la coopérative qui semble sur le fil du rasoir. « Cette semaine, les banques sont venues poser des grilles en dépossession de bien sur un stock de bouteilles. Ce sont des gages, ce qui signifie que le créancier bénéficie d’un droit de rétention lui permettant de conserver les biens gagés tant que la créance n’est pas réglée » « Et tout ça alors que les banques ont prêté, dans le cadre du plan gouvernemental, 9 millions d’euros en avril », rappelle Patrick Leroy, secrétaire général de l’intersyndicale CGT champagne.

JT France 3 Champagne Ardenne 19-20 heures 20-11-2020 – Projet de licenciements à la COGEVI