Ce mercredi 7 décembre 2022 sort « La (très) Grande Evasion », un film-enquête sur l’évasion fiscale, son histoire récente et ses conséquences. Tandis que les médias dominants conspuent régulièrement la fraude sociale, Yannick Kergoat dénonce les ravages d’une fraude d’un montant 20 fois supérieur : la fraude fiscale.
La fiscalité, la fraude fiscale, tel est le thème du film de Yannick Kargoet et Denis Robert qui sort ce mercredi 7 décembre 2022. Yannick Kargoet, qui a notamment co-réalisé « Les Nouveaux Chiens de Garde », un brûlot contre les principaux médias français concentrés entre les mains de quelques milliardaires, et Denis Robert, le journaliste qui a mis à nu la corruption extrême du système bancaire mondial en révélant l’affaire Clearstream s’associent dans la dénonciation du capitalisme débridé. Mais ces sujets sont autant proportionnellement explosifs qu’inaudibles pour le citoyen lambda.
Abstraction des chiffres astronomiques, méconnaissance des mécanismes économiques et bancaires, il est compliqué d’intéresser au-delà des spécialistes, économistes, experts-comptables ou autres agents des impôts. C’est pourtant le défi que relève avec brio La (très) Grande Evasion qui donne un coup de projecteur sur les évolutions de ces dernières années et décrypte les écrans de fumée. Pédagogie, réflexion et même humour sont à l’ordre du jour dans le traitement de cet austère sujet. Et c’est sans doute avec gourmandise qu’on reverra certaines images d’actualité dont le défilé des fraudeurs pris la main dans le sac : un Patrick Balkany enfermé dans son déni ou encore un Jérôme Cahuzac à la présidence d’une séance de Tracfin contre la fraude fiscale…
Au nom de la dette
Or les questions fiscales impactent bel et bien l’ensemble de notre quotidien. De la crise de notre système de santé en passant par l’état d’indigence de l’Education Nationale et jusqu’au creusement exponentiel des inégalités sociales de la dernière période, la fiscalité joue un rôle majeur. Son détournement aussi. « Il n’y a pas d’argent magique » déclarait le président de la République Emmanuel Macron pour justifier la faillite où nos services publics sont plongés depuis des lustres. Mais le film rappelle qu’avant lui tous les gouvernements ont eu le même discours depuis les années 70. On reverra le Premier Ministre Raymond Barre déclarer : « La France vit au-dessus de ses moyens ». La dette, la dette qui plombe l’économie et sert à justifier les politiques de reculs sociaux les plus drastiques. Et pendant qu’on vous dit de baisser le chauffage et de vous serrer la ceinture, le capitalisme mondial s’organise pour s’enrichir. Grâce aux paradis fiscaux, les plus grandes multinationales s’exonèrent quasiment de tout impôt.
Paradis fiscal pour enfer social
Mais que font les politiques ? Au-delà des discours qui ont jalonné les différentes crises récentes de celui de Nicolas Sarkozy et de l’Union européenne au moment de la crise des subprimes à celle de Macron au moment de la Covid, une constante apparaît : les paradis fiscaux demeurent inattaqués et jamais les milliardaires n’ont autant accru leur fortune qu’au cours de ces dernières années. Réalisé grâce à la contribution de citoyens, les auteurs ont voulu se prémunir de toute mainmise éditoriale des politiques ou des médias dominants. Il en ressort un travail d’une grande qualité qui pourra être utilisé comme excellent outil de réflexion et de débats.