Face à l’impasse néolibérale, la voie des luttes. © A bâbord !
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 20 octobre 2025
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Depuis plusieurs décennies, les gouvernements français mènent une politique inspirée du néolibéralisme, souvent sans jamais employer ce terme. Derrière des réformes présentées comme « nécessaires » ou « incontournables », ce courant idéologique a fragilisé les services publics, accru les inégalités et miné les solidarités. Mais ses effets ne s’arrêtent pas là : en alimentant la défiance démocratique, le néolibéralisme nourrit la montée du populisme et prépare le terrain au fascisme. Le Chili en est l’exemple le plus brutal, comme vous pourrez le voir dans la vidéo placée en bas de cet article.
👉 vidéo en bas de page : Néolibéralisme France Chili, même combat !
Qu’est-ce que le néolibéralisme ?
Le néolibéralisme est une manière particulière de gérer le capitalisme. Là où l’État-providence cherchait à corriger les inégalités par la redistribution et la garantie de droits sociaux, le néolibéralisme s’appuie sur l’idée que le marché doit fonctionner en quasi-autonomie. L’État doit réduire ses dépenses sociales et se désengager des services publics, tandis que les individus sont placés dans une logique de concurrence permanente. L’« homo economicus », figure centrale de cette idéologie, est perçu comme un acteur rationnel qui cherche à maximiser son profit personnel, sans considération pour le collectif.
Dans ce modèle, les solidarités sont vues comme des obstacles et doivent être affaiblies. Les politiques sociales deviennent résiduelles, tandis que l’État conserve une fonction forte dans un seul domaine : réprimer les contestations populaires et garantir les intérêts du patronat et des grandes fortunes. Cette vision étroite de la société est mortifère. Elle aggrave les inégalités, précarise les travailleurs et ignore totalement les défis écologiques. Elle réduit l’horizon humain à l’accumulation et à la consommation, en niant les aspirations culturelles, sociales, familiales ou citoyennes.
Quinze ans de réformes néolibérales en France
En France, le néolibéralisme s’est imposé insidieusement depuis une quinzaine d’années. Jamais revendiqué ouvertement, car le mot reste chargé négativement, il s’est pourtant incarné dans une série de réformes. Sous François Hollande, la loi Travail a flexibilisé le marché du travail, fragilisant la protection des salariés. Sous Emmanuel Macron, la réforme de l’assurance chômage a rendu les périodes de chômage plus dures et plus punitives. Les réformes des retraites ont allongé la durée de travail et ouvert la voie à la capitalisation, avec les conflits d’intérêts révélés de responsables politiques liés aux assurances privées.
À cela s’ajoutent les attaques répétées contre les services publics : fermetures d’hôpitaux, sous-financement des universités, désengagement du rail, privatisations progressives. Tout cela est justifié par un discours récurrent de « nécessité » : réduire la dépense publique, flexibiliser pour rester compétitifs, attirer les investisseurs.
Les résultats sont connus : explosion des inégalités, enrichissement record des milliardaires français, montée de la précarité et destruction progressive de l’État social qui faisait la force de notre pays, mais aussi montée du populisme et du fascisme. C’est tout l’héritage du Conseil national de la Résistance – Sécurité sociale, retraites, services publics – qui se trouve ainsi remis en cause.
Du populisme au fascisme : dérives politiques du néolibéralisme
Le néolibéralisme ne détruit pas seulement les services publics et les droits sociaux : il mine aussi la démocratie. Comme l’explique l’économiste David Cayla, il génère un sentiment d’impuissance politique. Quels que soient les gouvernements élus – de droite, de gauche, ou « en même temps » –, les mêmes politiques néolibérales s’appliquent. Cette continuité alimente la défiance envers les institutions, nourrit les révoltes populaires et fait émerger des mouvements qualifiés de « populistes ». Ces populismes prennent des formes différentes : Brexit, Trump, Salvini, Podemos, Gilets jaunes.
Tous expriment, à leur manière, une révolte contre un système perçu comme verrouillé. Mais cette colère peut déboucher dans des directions opposées : parfois vers des expériences progressistes, parfois vers des dérives autoritaires et nationalistes. C’est là que se trouve le danger. Comme le montre la vidéo « Le néolibéralisme mène au fascisme », l’idéologie néolibérale crée un terrain propice aux tendances fascisantes.
En détruisant les solidarités, en dressant les pauvres les uns contre les autres, en utilisant les institutions démocratiques comme instruments d’une seule idéologie, elle construit une société de contrôle. L’État devient le bras armé d’une idéologie répressive, qui attaque les droits sociaux et réduit les libertés. De la défiance démocratique naît le populisme ; du populisme dévoyé peut surgir le fascisme. C’est le chemin qu’ouvre le néolibéralisme lorsqu’il est laissé sans résistance.
Une idéologie mondiale : l’exemple du Chili
Pour comprendre jusqu’où mène le néolibéralisme, il faut se tourner vers l’exemple du Chili. La vidéo « Néolibéralisme France Chili, même combat ! » retrace cette histoire et montre à quel point elle résonne avec notre présent. Après le coup d’État militaire de 1973, le général Pinochet transforme le pays en laboratoire du néolibéralisme. Conseillés par les « Chicago Boys », disciples de Milton Friedman, les militaires imposent privatisations massives, retraites par capitalisation, éducation payante et destruction des services publics.
Quarante ans plus tard, le résultat est catastrophique : les riches sont devenus plus riches, la grande majorité de la population s’est appauvrie, les solidarités ont disparu. En 2019, des millions de Chiliens sont descendus dans la rue, non pas pour trois centimes d’augmentation sur le ticket de métro, mais contre cinquante ans de politiques néolibérales qui ont brisé leur société. La vidéo établit un parallèle direct avec la France d’Emmanuel Macron. Comme Pinochet, mais dans un cadre démocratique, Macron veut pousser le modèle français vers une pureté néolibérale : fin du compromis social, affaiblissement de la Sécurité sociale, ouverture aux fonds de pension, privatisations. La logique est la même : le marché au-dessus de tout, l’État réduit à la répression des contestations.
Face à l’impasse néolibérale, la voie des luttes
Le néolibéralisme n’est pas une fatalité : il est un choix politique au service des puissants. En France comme ailleurs, il a précarisé les travailleurs, détruit les services publics, creusé les inégalités et nourri les dérives autoritaires. En réduisant la démocratie à une simple gestion du marché, il fragilise les solidarités et alimente la montée du populisme et du fascisme La situation politique actuelle en France en est la preuve. Derrière les discours de « modernisation » et de « compétitivité », le gouvernement poursuit son offensive néolibérale. Les réformes des retraites et de l’assurance chômage, la casse des hôpitaux, les attaques contre l’université et la Sécurité sociale s’accompagnent d’une répression accrue des mouvements sociaux. C’est une dérive autoritaire qui confirme que l’État se met au service du marché et non plus de la population.
Face à ce projet mortifère, la CGT affirme qu’il existe des alternatives. L’histoire sociale de notre pays a montré que les droits ne tombent jamais du ciel : ils se conquièrent par la lutte. Oui, une autre société est possible : une société fondée sur la justice sociale, la redistribution des richesses, le renforcement des services publics, la démocratie réelle et la solidarité internationale. Le combat contre le néolibéralisme est un combat de classe. C’est pourquoi la Confédération CGT appelle les salariés, les privés d’emploi, les retraités et la jeunesse à s’organiser, à se mobiliser et à agir ensemble pour imposer une autre voie. Le capitalisme financiarisé et néolibéral mène à l’impasse sociale, écologique et démocratique. Notre responsabilité collective est de lui opposer un projet de transformation sociale, où l’humain et le bien commun priment sur la logique du profit.
Télécharger l’article : [Le néolibéralisme : des décennies de méfaits en France… et un combat mondial]
Sources
Antoine Gaudin – Le néolibéralisme expliqué
Le Média – Interview de David Cayla : Comment le néolibéralisme a fait naître le populisme