MIS EN LIGNE LE 22/09/2021

Avant son déplacement ce, jeudi, à Charleville-Mézières sur le festival mondial du théâtre de marionnettes, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, effectue un tour d’horizon des questions d’actualité.

Notre position est claire ! Mais selon les ministres que vous croisez, vous n’avez pas la même version. On est évidemment contre le projet de réforme initial, et les bruits qui courent sur le fait qu’il faudrait rallonger l’âge du départ à la retraite. Notre position est simple : on propose de revenir à la retraite à 60 ans, c’est la seule solution pour dégager du travail à ceux qui n’en ont pas. On est en pleine hypocrisie ! En même temps qu’on veut rallonger le temps de départ à la retraite, les plans dits sociaux, qui sont des plans de licenciement, touchent essentiellement les salariés de 54 et 55 ans. Il n’y a jamais eu autant de départs forcés avant 60 ans.

Qu’en est-il de la mobilisation à la CGT ?

Il y a une journée de mobilisation, le 1er octobre, avec les retraités qui ont aussi des problèmes de fin de mois. On a une journée interprofessionnelle unitaire le 5 octobre avec FO, FSU, Solidaires. Il y a besoin de discuter du niveau des salaires dans notre pays et ceux qu’on a salué durant le confinement dans notre pays, sont les plus mal payés. Il y a ce décalage entre ces besoins d’emplois et la réalité. Le gouvernement parle de problème de recrutement. Il y a effectivement 200 000 emplois non pourvus, mais il y a huit millions de chômeurs, et si on comble les 200 000, il en restera un paquet au chômage. On veut que les questions sociales soient au coeur des débats de la présidentielle. 

Cette échéance de la présidentielle permet-elle de mieux discuter et de négocier, dans un contexte où les candidats vont être ouverts à la discussion et pourraient être amenés à faire des promesses ?

Sauf que ce qu’on veut, c’est que ça se passe maintenant ! Parfois, les promesses d’avant élection deviennent autre chose après élection. La crise sanitaire a mis en avant des choses que l’on dénonce depuis longtemps : les conditions de travail, les questions de salaire, les questions d’emploi. C’est maintenant qu’il faut les régler. C’est une bonne opportunité pour que les questions sociales passent avant d’autres questions. Certains essaient de mettre dans le débat des questions de sécurité, importantes mais qui prennent une place démesurée, des questions sur les migrants… Nous, on veut que ces questions sociales soient au coeur de cette rentrée.

Lors des manifestations sur le pass sanitaire, on constate la présence de membres de la CGT…

On a été les premiers à avoir une position, dès le 11 juillet, c’est pas nouveau. On s’est prononcés en faveur de la vaccination. On fait confiance à la science. Par contre, il y a d’autres questions qui sont posées, notamment celle du pass sanitaire. On a dit au gouvernement « plutôt que d’obliger les gens, essayez de les convaincre ». Je comprends le personnel hospitalier, le médico-social, comme les aides à domicile qui sont maltraitées depuis des années, qui rencontrent des problèmes de salaire, de conditions de travail, alors qu’elles ont beaucoup donné pendant la crise. Je rappelle qu’il y a des soignants qui sont venus travailler alors qu’ils avaient le Covid. Et aujourd’hui, on les montre du doigt.

Tout ce qui touche au médico-social n’est pas intégré dans le Ségur de la santé, mais pour le sanitaire, ça fait partie de la santé. Je comprends l’amertume. Cette question du pass sanitaire, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. On continue à fermer des lits, à fermer des services. La CGT a une position claire : on est pour la vaccination mais contre le pass sanitaire. On considère que c’est de la discrimination. Dès le mois d’avril, on avait demandé au gouvernement que les salariés se fassent vacciner sur leur temps de travail, il y a eu une opposition du Medef sous prétexte que la vaccination serait un acte citoyen.  

Le prochain congrès de la CGT aura lieu en mars 2023, serez-vous candidat à votre succession ?

Ce n’est pas une question que je me pose. J’ai encore le temps. Pour l’instant, il y a une actualité qui m’occupe l’esprit. Il n’y a plus de place pour le reste.