Le cortège parisien du 2 octobre 2025, aux couleurs de la CGT, a rassemblé des dizaines de milliers de manifestants dans une journée nationale marquée par près de 600 000 personnes mobilisées partout en France. © La Vie Ouvrière
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 06 octobre 2025
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Après trois journées de mobilisation massives les 10, 18 septembre et le 2 octobre, plus de deux millions de personnes ont pris la rue. Les cortèges, rassemblant près de 600 000 manifestants rien que le 2 octobre, expriment une colère profonde contre l’austérité et les choix budgétaires de Macron et Lecornu. Hausse des salaires, défense des services publics, justice fiscale.
La force de la mobilisation
Cette ampleur n’est pas le fruit du hasard. Depuis le début du mois de septembre, les revendications s’accumulent. Les salaires stagnent alors que les prix explosent. Les services publics sont asphyxiés. La précarité progresse dans tous les secteurs. Face à cela, le gouvernement Lecornu présente un budget qui tourne le dos aux besoins sociaux, en ligne avec la politique d’Emmanuel Macron : moins de moyens pour les hôpitaux, les écoles, la protection sociale, mais toujours plus de cadeaux fiscaux aux entreprises et aux plus riches.
En trois journées, le message envoyé par les salariés est limpide : ils ne veulent plus subir. Le 2 octobre, la diversité des cortèges a montré que cette colère dépasse largement les bastions syndicaux habituels. Des enseignants, des territoriaux, des agents de la sécurité sociale, des ouvriers de la métallurgie, des salariés de l’agroalimentaire, de la chimie, de l’énergie, tous étaient dans la rue. Dans plusieurs entreprises, des grèves ont paralysé la production. L’usine de Bar-sur-Aube était à l’arrêt. À Vergèze, les verriers ont renforcé leur mouvement. Dans l’énergie, mobilisée depuis un mois déjà, les arrêts de travail se sont multipliés.
Une dynamique qui s’ancre dans le pays
Ce qui frappe, c’est que ces mobilisations ne sont pas isolées. Elles traduisent une dynamique nationale, enracinée dans des réalités locales très concrètes. Chaque grève, chaque arrêt de travail, chaque cortège participe d’un même mouvement général : refuser le déclassement social et exiger de nouvelles garanties collectives. Cette convergence renforce la légitimité des revendications portées par l’intersyndicale. Loin d’être une colère passagère, c’est une lame de fond qui traverse toutes les catégories professionnelles et tous les territoires.
Une colère sociale profonde
Si cette mobilisation s’ancre dans la durée, c’est parce qu’elle s’appuie sur un rejet massif de la politique du gouvernement. La fameuse « politique de l’offre », vantée par Macron, se résume à enrichir les plus riches pendant que la majorité s’appauvrit. Depuis l’arrivée au pouvoir de Macron, les 500 plus grandes fortunes du pays ont doublé leur richesse. Dans le même temps, les services publics se dégradent, les pensions sont désindexées, les franchises médicales augmentent et les postes de fonctionnaires disparaissent.
À cela s’ajoute une autre colère : celle face aux 211 milliards d’euros d’aides publiques distribuées chaque année aux entreprises privées, sans condition ni contrôle. Cet argent, pris sur les budgets publics, sert à gonfler les dividendes et à financer des plans de licenciements, au lieu de soutenir l’emploi et la transition écologique. C’est une véritable provocation pour les salariés qui voient leurs conditions de vie se dégrader.
Les revendications portées par la CGT
La CGT a rappelé ses exigences dans un communiqué clair. Elle demande :
- l’abandon du projet de budget antisocial,
- le retrait des mesures d’austérité, comme le doublement des franchises médicales et la réforme de l’assurance chômage,
- une fiscalité juste, qui fasse contribuer les plus hauts revenus et les gros patrimoines,
- la conditionnalité sociale et environnementale des aides publiques aux entreprises,
- le renforcement des moyens pour nos services publics partout sur le territoire,
- une protection sociale de haut niveau, avec l’abrogation de la réforme des retraites de 2023,
- des investissements massifs dans la réindustrialisation du pays et la transition écologique, pour défendre l’emploi et la planète.
Ces revendications dessinent une autre voie pour le pays, à rebours des choix de Macron et Lecornu.
Et maintenant ?
Face à un gouvernement affaibli mais déterminé à écouter les marchés financiers plutôt que les travailleurs, la CGT appelle à poursuivre et amplifier la mobilisation. Une nouvelle étape aura lieu le 9 octobre, avec une journée d’action nationale sur la santé et la protection sociale. À Paris, un grand cortège est prévu à l’appel des professionnels de santé et de l’action sociale, rejoints par les salariés de la sécurité sociale et du secteur du médicament.
Dès le lendemain du discours de politique générale du Premier ministre, l’intersyndicale se réunira pour analyser ses annonces et décider des suites à donner. Rien ne sera laissé passer.
Poursuivre et amplifier le rapport de force
Cette rentrée sociale l’a montré : quand le monde du travail relève la tête, rien ne peut l’arrêter. Les manifestations massives et les grèves sectorielles ne sont pas une fin en soi, mais le point de départ d’un affrontement social qui va compter dans les semaines à venir. Plus que jamais, il s’agit de maintenir la pression, d’élargir les grèves, de multiplier les initiatives. Le gouvernement a choisi de rester sourd aux revendications, il doit désormais faire face à une contestation déterminée et durable.
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[L’article Manifestations du 2 octobre : Macron et Lecornu doivent entendre la colère]