Lundi 8 décembre à Épernay, une cinquantaine d’élus et militants CGT rassemblés devant l’Hôtel Chandon pour dénoncer la suppression de la participation et affirmer la poursuite de la mobilisation dans les maisons Moët & Chandon et Ruinart.
✍️Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 10 décembre 2025
⏱️Temps de lecture 4 minutes
Chez Moët & Chandon et Ruinart, les élus CGT marquent leur opposition à une communication festive en décalage avec la réalité salariale
Lundi 8 décembre, une cinquantaine d’élus CGT s’est rassemblée devant l’Hôtel Chandon à Épernay, pendant que se déroulait la traditionnelle « Christmas Party ». Une action symbolique pour dénoncer une communication déconnectée, alors que les salariés subissent la suppression de leur prime de participation. Le mouvement se poursuit : la grève continue ce jeudi 11 décembre.
🎥Une vidéo du rassemblement réalisée par les délégués syndicaux est disponible en bas de cet article.
Une action symbolique devant l’Hôtel Chandon
Ce lundi à Épernay, la direction de Moët & Chandon et Ruinart organisait sa traditionnelle « Christmas Party », cérémonie des vœux interne ponctuée de discours et de coupes de champagne. En parallèle, une cinquantaine d’élus CGT s’est rassemblée devant l’Hôtel Chandon pour marquer publiquement son opposition à cette mise en scène festive, dans un contexte social fortement dégradé. Cette présence visait à rappeler une réalité simple : lorsque les salariés voient une part essentielle de leur rémunération disparaître, la communication festive devient indécente.
Une participation des salariés en net recul
Fait révélateur du malaise social, seuls 50 % des salariés invités ont participé à cette cérémonie des vœux. Un chiffre inhabituellement bas qui traduit le désengagement, la colère mais aussi le malaise profond ressenti dans les équipes. Loin de l’image que voudrait projeter la direction, cette faible participation démontre une rupture nette entre le discours managérial et la réalité vécue par les salariés sur le terrain.
Une présence syndicale pour rendre visible la colère
Plutôt que se taire, les élus CGT ont choisi de rendre visible la contestation, à l’extérieur du site, pour dénoncer la suppression de la prime de participation et l’absence totale de message social de la direction. Cette action collective assumée visait à rappeler que la mobilisation ne s’arrête pas et que les salariés ne se laisseront pas invisibiliser pendant que se multiplient les opérations de communication.
Une décision inédite et un blocage total de la direction
La situation trouve son origine dans une décision sans précédent : la suppression pure et simple de la prime de participation pour l’année 2025. Une première depuis la mise en place du dispositif en 1968. Lors d’une récente réunion avec le DRH, la direction a confirmé son refus catégorique d’instaurer une prime exceptionnelle de fin d’année. Aucun geste compensatoire. Aucune ouverture. La situation est totalement bloquée.
Des profits maintenus, des salariés pénalisés
Ce blocage est d’autant plus injustifiable que le groupe LVMH continue d’afficher des résultats financiers colossaux : près de 58 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2025 et des dividendes toujours versés aux actionnaires. Il ne s’agit pas d’un manque de moyens, mais d’un choix assumé : préserver les profits, au détriment du pouvoir d’achat des salariés.
Une première réponse massive le 5 décembre
Le vendredi 5 décembre, les salariés ont déjà répondu par une mobilisation massive. Selon la CGT, près de 90 % des salariés de Moët & Chandon et Ruinart ont cessé le travail. Un mouvement d’ampleur historique, soutenu aussi bien par les salariés en CDI que par les CDD, démontrant que la décision de la direction est rejetée par l’ensemble des équipes.
Un climat social déjà dégradé
À cette attaque sur la rémunération s’ajoute un contexte social extrêmement lourd : 1 200 suppressions de postes ont été annoncées chez Moët Hennessy, soit 12 % des effectifs. Plus de 400 postes seraient déjà concernés selon les représentants CGT, renforçant l’inquiétude et le sentiment d’insécurité dans les maisons.
Une mobilisation qui dépasse Moët & Chandon et Ruinart
Les élus CGT Veuve Clicquot et Krug ont eux aussi rencontré leur direction : même absence de réponse, même refus, même immobilisme. Dans ces conditions, les salariés de Veuve Clicquot et Krug appellent à rejoindre la mobilisation engagée chez Moët & Chandon et Ruinart. Une lutte commune pour une même exigence : le respect du travail et le maintien des rémunérations.
La grève se poursuit le 11 décembre
La mobilisation ne s’arrête pas à cette action symbolique. La CGT Champagne annonce la poursuite du mouvement de grève ce jeudi 11 décembre.
Une réunion d’information syndicale CGT se tiendra lors de la grève, le jeudi 11 décembre à 12h30 dans la Cour d’honneur – avenue de Champagne à Épernay devant le site Moët & Chandon / Ruinart
L’Intersyndicat CGT du Champagne appelle l’ensemble des élus CGT de la filière à venir soutenir les salariés mobilisés.
Les élus CGT Veuve Clicquot – Krug de l’établissement de Reims appellent également les salariés à suspendre l’activité : – de 11h à 13h– de 13h à 15h
Un combat pour le salaire et la dignité
La CGT représentant Veuve Clicquot, Krug, Moët & Chandon et Ruinart se bat pour des salaires dignes et refuse la disparition de la participation et de la prime d’intéressement, qui constituent une part fondamentale de la rémunération annuelle. Pour marquer ce temps fort de solidarité, un barbecue militant sera organisé sur place. La direction promet des discussions en 2026.Les salariés répondent : la justice salariale, c’est maintenant, tous unis…
Télécharger l’article : Moët&Chandon Ruinart Mobilisation devant la Christmas Party
Source
Article du média Rapport de force « Grève dans le champagne LVMH : On ne s’interdit pas un mouvement plus ample », Maïa Courtois, 9 décembre 2025.
