Suppressions d’emplois, stratégie globale opaque : après le syndicat CGT de Moët&Chandon à Épernay, celui de Vve Clicquot Reims entre à son tour dans la bataille contre les 1 200 suppressions de postes annoncées par LVMH. © Paul-Antoine Boudet

✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 09 mai 2025

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Peut-on rester silencieux face à la suppression de 1 200 postes dans les maisons de Champagne du groupe LVMH ? Peut-on laisser appliquer ces coupes sans information claire, sans dialogue social digne de ce nom, sans mesurer les conséquences concrètes pour les salariés ? Peut-on accepter que cette logique comptable prime sur la réalité du terrain et le respect des équipes ?

Suite aux récentes déclarations dans la presse de leurs collègues du syndicat CGT de Moët & Chandon-Ruinart à Épernay, c’est au tour des salariés et élus CGT de Veuve Clicquot-Krug, également filiale du groupe LVMH, de réagir.

Le début d’un mouvement qui peut faire boule de neige ?

Le mardi 13 mai, une grève accompagnée d’une réunion d’information sera organisée sur le site Comète de Reims, de 11 h à 15 h, avec barbecue solidaire et une information syndicale intégrée de 12 h 30 à 13 h 30. Un premier acte de résistance sociale, destiné à faire entendre la voix de celles et ceux qui refusent de devenir les prochaines victimes silencieuses de décisions prises au sommet.

Une stratégie LVMH, des conséquences locales

À la veille du 1er mai, la direction de Moët-Hennessy – filiale de LVMH regroupant notamment les établissements champenois Moët & Chandon, Ruinart, Veuve Clicquot et Krug – a annoncé son intention de ne pas remplacer 1 200 postes dans la branche. Le but affiché : ramener les effectifs du groupe à ceux de 2019, comme si la crise sanitaire était encore là, comme si les profits colossaux engrangés depuis n’avaient jamais existé.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le groupe se porte très bien. Alors, pourquoi cette politique de réduction ? Pour les élus CGT, la réponse est claire : c’est un choix stratégique, pas une nécessité économique.

Sur le terrain, une stratégie en décalage total avec les réalités

À écouter la direction, la réduction des effectifs relèverait d’une simple gestion raisonnée des coûts. Mais sur le terrain, les salariés constatent chaque jour combien cette stratégie est déconnectée de la réalité du travail.

Dans les vignes, la situation est alarmante. Depuis plusieurs années, les rendements viticoles, impactés par le dérèglement climatique, la pression sanitaire et une organisation désastreuse, sont en chute libre. Sans parler de l’insuffisance de moyens humains qui fragilisent gravement la culture de la vigne. Et que propose la direction ? Encore moins de personnel, dans un contexte où la réactivité, l’entretien et le suivi du vignoble sont justement cruciaux. Cette politique, appliquée à marche forcée, ne peut qu’aggraver les difficultés rencontrées par les salariés et mettre en péril l’avenir même du savoir-faire et des métiers dans le vignoble de la filiale.

En production, la situation n’est guère plus rassurante. La direction parle de « synergies intelligentes », de « rationalisation » et de baisse du recours aux CDD. Pourtant, les volumes à produire restent importants et l’activité liée à certaines cuvées de Veuve Clicquot est déjà transférée vers les lignes de production chez Moët&Chandon. S’agit-il de simples ajustements ou d’une restructuration déguisée ? L’absence d’explication nourrit toutes les inquiétudes.

Quant aux services administratifs, ils font face à des décisions stratégiques prises à distance, comme la création de hubs à l’étranger. Ces choix, réalisés sans concertation, laissent craindre une délocalisation progressive des fonctions supports et une perte de contrôle sur les outils de gestion internes.

Sur tous les fronts – vignoble, production, administratif – les salariés peinent à comprendre comment la direction compte maintenir la qualité et l’efficacité avec des moyens humains toujours plus restreints. Ce sentiment d’abandon, associé au manque total de transparence, ne peut que renforcer la colère et la défiance.

Un plan déjà à l’œuvre ?

Les élus CGT constatent que les suppressions d’emplois ont déjà commencé, silencieusement. Des départs ne sont pas remplacés. Des réorganisations ont lieu sans être formellement annoncées. Les équipes s’amenuisent, sans consultation ni transparence.

Cette réduction en catimini ne trompe personne et surtout pas la CGT Vve Clicquot.

Un droit d’alerte en réflexion

Pour faire toute la lumière sur la situation économique réelle afin de pouvoir peser sur la mise en œuvre de ce projet de 1 200 suppressions d’emplois, les syndicats CGT de Veuve Clicquot à Reims et de Moët & Chandon à Épernay vont solliciter leur expert-comptable. Objectif : envisager une procédure de droit d’alerte économique au niveau du CSE central de MHCS (Moët-Hennessy Champagne Services).

L’Intersyndicat CGT du Champagne mobilisé

L’Intersyndicat CGT du Champagne suit cette affaire de très près. Il exprime sa solidarité pleine et entière avec les syndicats CGT de MHCS à Reims et d’Épernay et reste prêt à intervenir à l’échelle de la filière si des suppressions arbitraires se confirment.

La CGT ne se taira pas. Les salariés ne se résigneront pas. Le 13 mai, ils feront entendre leur voix.

📥 Téléchargez le tract d’appel à la grève du 13 mai : [NON-REMPLACEMENT DE 1200 POSTES !]