François Bayrou, soutien de longue date de la TVA sociale, remet sur la table une mesure contestée par les syndicats. © SFSD TVA Sociale
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 30 mai 2025
⏱️Temps de lecture 5 minutes
Une vieille marotte patronale prétendue “solution miracle” qui cache une injustice fiscale flagrante. La TVA sociale, relancée par François Bayrou, validée par Emmanuel Macron et applaudie par le patronat, n’a rien de social. C’est une mesure profondément antisociale. La CGT démonte les faux-semblants.
Voir la vidéo de Sophie Binet en bas d’article.
La « TVA sociale » fait son grand retour. Ces dernières semaines, François Bayrou a proposé de « réexaminer » cette piste, censée selon lui permettre de soulager le travail et de mieux financer la solidarité. Le 13 mai sur TF1, Emmanuel Macron a renforcé sa position en appelant à l’organisation prochaine d’une conférence sociale consacrée au financement de notre modèle de protection sociale. Il a estimé que ce système s’appuyait « trop sur le travail » et qu’il devenait nécessaire de chercher des ressources « ailleurs », citant notamment la consommation comme piste à explorer.
Sous couvert de “réflexion collective”, l’objectif est en réalité limpide : faire basculer la charge de la solidarité des entreprises vers les ménages, en augmentant les impôts à la consommation. Derrière le discours technocratique, c’est une stratégie de transfert fiscal favorable au patronat et défavorable au monde du travail.
Une taxe injuste qui pénalise les plus modestes
La TVA est l’impôt le plus injuste : elle frappe tout le monde au même taux, quel que soit le revenu. Une ouvrière au SMIC paie autant de TVA sur son alimentation qu’un cadre supérieur. Augmenter la TVA pour baisser les cotisations patronales, c’est donc faire payer plus ceux qui ont moins.
C’est le cœur de la « TVA sociale » : sous prétexte d’équilibrer les comptes, on allège la contribution des entreprises en augmentant celle des consommateurs. Pour la CGT, cette logique est radicalement antisociale. Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT, l’a dénoncée comme une manœuvre de diversion pour éviter de toucher aux profits patronaux. Elle y voit une attaque déguisée contre les plus pauvres.
Une politique inefficace déjà testée… et rejetée
Ceux qui défendent la TVA sociale promettent qu’elle renforcerait la compétitivité en réduisant le “coût du travail”. Mais cette stratégie a déjà été appliquée : en 2012, Nicolas Sarkozy l’a instaurée avec une hausse de 1,6 point de TVA. Elle n’a produit aucun effet positif sur l’emploi ou les relocalisations industrielles. En revanche, les prix ont augmenté, et la contribution des entreprises à la Sécurité sociale a reculé.
TF1 Info et la NVO rappellent que cette mesure n’a apporté ni croissance, ni amélioration sociale. Elle a seulement permis aux grandes entreprises de conserver leurs marges, pendant que les consommateurs payaient davantage. C’est une logique de dumping social, qui favorise les profits sans conditions, sans obligation d’embauche, ni revalorisation salariale.
Un affaiblissement programmé de la Sécurité sociale
La TVA sociale revient à diminuer le financement par les cotisations patronales, au profit de l’impôt. Or ces cotisations ne sont pas des charges, comme le répète sans cesse le patronat, mais une part du salaire, sosialisé. Ce sont des éléments du salaire, des sommes collectivement mutualisées pour garantir l’accès à la santé, à la retraite, aux allocations familiales.
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a exprimé son inquiétude face à cette logique. Elle considère que transférer la solidarité du travail vers la consommation est une régression majeure, qui revient à faire reposer la protection sociale non plus sur le travail, mais sur les achats, c’est-à-dire de manière aveugle et inégalitaire. Pour elle, ce n’est pas le financement par le travail qu’il faut remettre en cause, mais le désengagement croissant du capital.
Une “conférence sociale” à sens unique
La future “conférence sociale” annoncée par Emmanuel Macron laisse peu de doute sur son orientation. La voie est déjà tracée : fiscalisation, réduction des cotisations patronales, et transfert vers la consommation. Un scénario que la CGT rejette fermement.
Denis Gravouille, secrétaire général de la CGT Spectacle, alerte sur la mascarade que risque de devenir cette conférence. Il estime que ce type de concertation ne sert souvent qu’à valider des décisions déjà prises, toujours en défaveur des salariés. Pour lui, la TVA sociale est un outil pour organiser une fois de plus le désengagement du patronat, en chargeant davantage les familles, les précaires, les travailleurs. Il appelle à ne pas se laisser piéger par une réforme prétendument technique, qui vise en réalité à démanteler un modèle solidaire conquis de haute lutte.
Une alternative existe : la justice fiscale
La CGT ne se contente pas de dire non. Elle propose des alternatives crédibles
- Taxation des superprofits et des dividendes,
- Lutte contre l’évasion fiscale des multinationales,
- Suppression des exonérations patronales inefficaces,
- Rétablissement d’une fiscalité progressive sur les revenus et le capital.
La solidarité doit reposer sur ceux qui ont les moyens, pas sur ceux qui subissent l’inflation, les bas salaires et les contrats précaires. Ce n’est pas la TVA qu’il faut augmenter, mais la contribution des grandes entreprises à la hauteur des richesses qu’elles accumulent.
La CGT appelle à la vigilance. Une raison de plus de se mobiliser, le 05 juin prochain.
La TVA sociale n’est ni nouvelle, ni efficace, ni équitable. Elle est le symbole d’une orientation libérale qui veut défaire notre modèle social pas à pas, au profit d’une logique de marché. Face à cette menace, la CGT Champagne appelle les salariés à se mobiliser, le 05 juin prochain.
Partagez cet article et restons collectivement vigilants. Défendons ensemble un financement solidaire, juste, fondé sur la richesse réelle, pas sur les factures du quotidien.
🔗 Sources à consulter :
- 📄« TVA sociale, une marotte patronale » – NVO, mai 2025
- 📄 « Ce n’est pas ça l’urgence » : la TVA sociale expliquée – BFMTV, 27 mai 2025
- 📄 « TVA sociale : en quoi cela consiste ? » – TF1 Info, 27 mai 2025
📺 Regardez l’intervention percutante de Sophie Binet sur BFMTV TVA sociale : une ligne rouge pour la CGT.
Dans cette interview choc, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, démonte point par point le projet de TVA sociale défendu par le gouvernement. Pour elle, cette taxe antisociale est une injustice de plus imposée aux travailleurs, pendant que les grandes fortunes prospèrent. Elle appelle à la mobilisation le 5 juin contre l’austérité, pour l’abrogation de la réforme des retraites, et pour une vraie justice fiscale.
Elle dénonce un système qui favorise les rentiers et les actionnaires, réclame la taxation des plus riches et des aides publiques sous condition, et s’appuie sur des propositions concrètes comme la taxe Zucman, votée à l’Assemblée.
➡️ Une vidéo essentielle pour comprendre les enjeux sociaux de cette politique injuste.