Derrière le vernis du dialogue social, une réalité brutale : des milliers de travailleurs usés par des métiers pénibles, exclus du droit à une retraite anticipée. © THOMAS SAMSON/AFP

✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 09 juillet 2025

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Alors que le gouvernement communique sur de prétendues avancées issues du conclave des retraites, la CGT alerte : aucune amélioration réelle n’est au rendez-vous. Un article publié sur La CGT.fr démonte en détail les effets d’annonce. Il revient notamment sur le piège du compte pénibilité, critiqué également dans une enquête approfondie d’Alternatives Économiques.

À l’issue de plusieurs mois de concertation entre partenaires sociaux sous l’égide de François Bayrou, le « conclave » sur les retraites s’est achevé sans accord. Malgré cela, le gouvernement affiche sa satisfaction et prétend avancer vers un compromis. Pour la CGT, le constat est sans appel : les fondamentaux de la réforme de 2023 restent intouchés, et les dispositifs évoqués sont loin de répondre à la souffrance au travail et aux inégalités sociales.

Pénibilité : une opération de communication sans effet concret

Parmi les rares mesures mises en avant, la meilleure prise en compte de la pénibilité du travail figure comme un marqueur du soi-disant compromis. Le gouvernement évoque la réintégration de trois anciens critères ergonomiques dans le Compte Professionnel de Prévention (C2P) – port de charges lourdes, vibrations mécaniques, postures pénibles. Mais cette annonce, saluée par certains médias, est en réalité largement trompeuse.

Le traitement individuel de la pénibilité par simple avis médical — soutenu par le patronat — reste la norme, au détriment d’une véritable reconnaissance collective des conditions de travail. Comme le souligne l’article de La CGT.fr, la mise en place d’un système à double compteur, peu lisible, combinée à un financement par surcotisation ATMP, ne garantit aucune avancée concrète pour les salariés concernés. Le nombre de départs anticipés envisagés (entre 5 000 et 10 000 par an) reste purement théorique et dépendra… du bon vouloir des employeurs, via des accords de branche.

Une critique partagée par Alternatives Économiques

Dans un article publié le 3 juillet, la journaliste Audrey Fisné-Koch (Alternatives économiques) enfonce le clou. Selon les chiffres de la CNAV, moins de 1 % des retraités partent aujourd’hui plus tôt grâce au C2P. En 2021, seules 1 900 personnes ont vu leur durée d’assurance majorée au titre de la pénibilité… sur 700 000 départs à la retraite.

La cause ? Des seuils inatteignables et une logique d’exclusion organisée : nombre d’ouvriers, pourtant exposés à des risques majeurs, ne remplissent pas les critères fixés. Par exemple, pour faire valoir un droit au titre du travail à température extrême, il faut prouver 900 heures par an à moins de 5°C ou plus de 30°C, ce qui revient à travailler sept à huit mois consécutifs dans ces conditions. Une absurdité technique, qui empêche toute reconnaissance réelle du travail pénible.

Pire encore, ce système exclut des millions de travailleurs qui ont exercé dans des métiers pénibles avant la création du compte. La non-rétroactivité du dispositif prive les salariés les plus usés de tout bénéfice. En somme, comme l’indique l’économiste Thomas Coutrot dans l’article : « Qu’il s’agisse du C2P ou du C3P, ils ont été calibrés pour ne toucher quasiment personne. »

Une triple peine pour les métiers pénibles

Alors que le gouvernement exige des travailleurs qu’ils prolongent leur carrière, ceux qui exercent les métiers les plus éprouvants cumulent les injustices : usure physique, difficulté à faire reconnaître la pénibilité, et perspectives de départ à la retraite de plus en plus lointaines. L’espérance de vie en bonne santé reste nettement inférieure pour les ouvriers, mais aucune mesure réelle ne vient corriger cette inégalité.

Le Fonds d’investissement pour la prévention de l’usure professionnelle (FIPU), censé améliorer les conditions de travail, est sous-utilisé par les branches professionnelles. Les patrons ne s’en saisissent pas, comme l’indique la CFDT dans l’article d’Alternatives économiques. Et lorsqu’ils le font, ce sont souvent des gadgets techniques qui ne remettent jamais en cause l’organisation du travail.

La CGT appelle à la lucidité et à la mobilisation

Le soi-disant « conclave » n’a été qu’une mise en scène destinée à légitimer les reculs sociaux. La CGT continue de porter l’exigence d’une abrogation totale de la réforme des retraites, d’un droit effectif au départ anticipé pour les métiers pénibles, et d’un retour à un système juste, solidaire et financé.

📎 Lire l’article complet de la CGT :👉 Où en est-on sur les retraites à la sortie du conclave ?

📎 Téléchargez le tract : Fin d’un « conclave » dangereux, la lutte pour l’abrogation continue !

📎 Lire l’enquête d’Alternatives Économiques :👉 Le compte pénibilité ne permet à quasiment personne de partir plus tôt à la retraite