Alors que la vendange 2022 s’annonce abondante, la Champagne disposera-t-elle d’assez de bras pour rentrer ses raisins au pressoir ?

Et bien non ! Si les cueilleurs locaux sont de moins en moins nombreux, les populations étrangères répondent, quant à elles, toujours bien présent, selon le pôle employeur du syndicat général des vignerons (SGV) de la Champagne.

Et selon l’avis de certains responsables de sociétés prestataires de services « On constate globalement, que le modèle traditionnel, qui repose sur un recrutement local voir national s’essouffle, note Sébastien Rigobert. Cela, nous le mesurons au nombre d’appels que nous recevons des viticulteurs qui n’ont pas réussi à constituer une équipe, et qui se tournent vers nous. En revanche, pour ce qui est des recrutements à l’étranger, et notamment en Europe de l’Est, nous n’avons aucune difficulté à trouver des saisonniers intéressés pour venir en Champagne, notamment parmi les populations polonaises, roumaines, bulgares… »

Mais, la pénurie de vendangeurs pour la prochaine récolte ne s’explique-t-elle pas simplement par des niveaux de salaires très peu attractifs pour la main d’œuvre locale ?

Et cerise sur le gâteau, depuis l’augmentation du SMIC au 1er mai 2022, il n’y aura aucune différence de salaire entre un cueilleur, un débardeur de petits paniers et un convoyeur de raisins. Tous toucheront royalement 10,85 € de l’heure auxquels il faudra déduire les frais de repas et d’hébergement, soit un salaire de misère…

Alors bien évidemment, quand le salaire minimum en Pologne est de 654,80 €, quand le salaire minimum en Roumanie est de 515,30 €, quand le salaire minimum en Bulgarie est 332,30 €, venir faire les vendange sur la base du salaire minimum français 1645.62 € reste très attractif.

Aussi, quand serait-il en matière de recrutement si on établissait enfin un SMIC européen à hauteur du SMIC Français. Pas sûr que les travailleurs issus de la communauté Européenne se bousculent au portillon pour venir couper les raisins le plus cher du monde.

Mais l’exploitation de la misère n’ayant pas de frontière, assurément on ira recruter dans d’autres contrées lointaines où la pauvreté est le quotidien de la majorité de la population, et de nos jours, à travers le monde, elle est malheureusement très pléthore.

Alors oui, vignerons champenois, dormez sur vos deux oreilles : « le risque d’une réelle pénurie semble peu probable pour les futures vendanges, grâce à une part croissante de saisonniers étrangers »

Mais attention aux cauchemars et autres lendemains qui déchantent, car de plus en plus de misère dans les bulles du roi des vins et du vin rois ne risque-t-il pas de remettre en cause les standards de produit de luxe du champagne.