Beaucoup pensent que leur statut de saisonnier est à part et que l’on peut s’autoriser certains écarts: c’est faux.»Stéphanie Jayet

Comme ils le font depuis plusieurs années, des membres de la CGT ont sillonné des parcelles de vignes ces derniers jours. Ils vont à la rencontre des vendangeurs pour les informer sur leurs droits.

Chaque année à l’approche de la vendange, ils préparent leur plan de bataille. « On fait quatre ou cinq réunions en amont avec comme document de travail, la carte de la Champagne. L’objectif est de couvrir le maximum de secteurs »détaille Sandrine Calvi qui, avec plusieurs membres de la CGT de la Marne, a passé la semaine dans les vignes.

Pas pour cueillir les grappes, mais pour informer les vendangeurs sur leurs droits. Une initiative récente, mise en place après la découverte en 2018, à Oiry, des conditions d’insalubrité extrême dans lesquelles étaient hébergés 77 vendangeurs. « On s’est rendu compte à ce moment-là qu’il y avait un vrai besoin d’information, se souvient la secrétaire générale de la CGT de la Marne, Sabine Duménil. 

Beaucoup pensent que leur statut de saisonnier – pas que pour la vendange d’ailleurs, pour tous types de poste – est à part et que l’on peut s’autoriser certains écarts : c’est faux, les saisonniers sont protégés par le code du Travail au même titre que les autres salariés et ils ont les mêmes droits. »

Nous ne sommes pas là pour contrôler, juste pour informer
Sabine Duménil

Un message que la petite troupe en chasubles rouges délivre au gré des rencontres tout en s’imposant certaines règles.
 
Pas question par exemple d’aller sur les parcelles, « on reste sur la voie publique »ni de déranger les vendangeurs pendant la cueillette au risque de s’attirer les foudres des employeurs, « on profite du moment où ils sont en pause pour faire passer quelques messages »Au-delà du flyer « Saisonnalité ne doit plus rimer avec précarité » sur lequel figurent quelques revendications, des numéros de téléphone et un bulletin d’adhésion, c’est surtout les petits cadeaux, des maillots, des casquettes ou encore des cendriers de poche, qui semblent séduire les vendangeurs. « Ils sont en plein travail, fatigués et pas forcément demandeurs à ce moment-là, reconnaît Sabine Duménil. Toutefois, on est toujours bien accueillis et au fil des années, on s’aperçoit qu’ils prennent le temps de lire le document plus tard, à la fin de leur journée ou quand ils reçoivent leur fiche de paie. »
 
La syndicaliste estime qu’il y a fort à faire car « les vendangeurs, c’est un public particulier en raison de la diversité des profils : les étudiants pour qui c’est souvent le premier travail, ils ne sont donc pas très au fait de leurs droits, des salariés d’autres branches ou des retraités, des demandeurs d’emploi, des travailleurs étrangers. À nous de faire en sorte d’être efficaces en termes d’information tout en restant dans notre rôle. Nous ne sommes ni l’Urssaf, ni l’inspection du travail, nous sommes là pour informer, pas pour contrôler même si cela n’empêche pas que l’on signale aux services compétents une situation qui nous semblerait anormale ».
 
Les syndicalistes sensibilisent ainsi leurs interlocuteurs sur l’importance d’avoir un contrat de travail conforme, sur les conditions d’hébergement qui doivent correspondre aux accords de branche et veillent à l’approvisionnement en eau « qui est du ressort de l’employeur »Et au moindre doute, les vendangeurs savent désormais qui contacter.

Des renforts de gendarmerie pour sécuriser les vendanges 

Note de l’Intersynndicat CGT du champagne : 

Pourquoi tout ce dispositif de la gendarmerie ne contrôle-t-il pas les hébergements sous tente interdits en champagne, pour les signaler à l’inspection du travail ?

Pourquoi un hélicoptère de la gendarmerie ne survole t-il pas le vignoble champenois afin de faire des opérations de repérage permettant de découvrir d’autres logements de la honte qui révèlent de pratiques qui entachent la réputation de l’appellation Champagne ?

Enfin, avec l’emploi de 100 000 à 120 000 saisonniers vendangeurs, tous ces dispositifs ainsi que les effectifs de contrôleurs de l’inspection du travail sont t-ils vraiment adaptés à la situation ?

Assurément, non !…

Un détachement de la Garde Républicaine, des éléments du peloton de surveillance et d’intervention(Psig) d’Épernay, un renfort de gendarmes mobiles de l’escadron de Reims, la brigade Gend’Viti… La gendarmerie départementale déploie des moyens conséquents pour sécuriser la période des vendanges. Ce jeudi 14 septembre, une opération spéciale a été mise sur pied à Aÿ-Champagne.

Elle comprenait plusieurs aspects. Le premier a conduit le dispositif dans les vignes, où des contrôles administratifs ont été menés. Une dizaine de gendarmes ont vérifié les déclarations préalables à l’embauche, les identités… La brigade Gend’Viti, avec ses vélos électriques, et la Garde Républicaine, qui exploite le relief et surplombe la scène, ont enacdré la parcelle.

Le deuxième temps de l’opération de ce jeudi a mené sur le rond-point de Mareuil-sur-Aÿ. Sur ce poste routier, des contrôles aléatoires ont été menés. « Ici, notre but est d’être dissuasif mais pas d’embêter les gens » , définit le commandant Basso, commandant de la compagnie d’Épernay. « On ne va pas contrôler systématiquement tout le monde au risque de créer un bouchon de 3 km qui dérangerait le transport des raisins ou les déplacements des équipes qui vont de parcelles en parcelles. »

Reste un troisième point de rendez-vous, à Bisseuil où la brigade mobile Gend’Viti était à la rencontre de la population. Le dispositif s’applique aux communes n’ayant pas de brigade. « C’est la gendarmerie qui vient vers les habitants et pas l’inverse. On casse la distance » , apprécie Yann Basso.