Les gendarmes ont effectué une descente dans cette maison de Cuis, mardi après-midi.

Révélé par les journalistes dans le “fil info” de l’Union numérique, après l’affaire de Mourmelon-le-Petit, Vinay et celle de Nesle-le-Repons, une autre s’ajoute à la liste des logements insalubres. Cette fois-ci c’est dans la commune de cuis, village de la côte des blancs proche d’Epernay que  ça se passe. Dans une grande bâtisse à étage, 2 rue d’Épernay, contrôlée le 18 septembre par l’inspection du travail appuyée des gendarmes, 18 vendangeurs ont été découverts sur place, dont la grande majorité est originaire de la Bulgarie.

Note de l’intersyndicat CGT du champagne :

Le problème des prestataires logeant mal leurs vendangeurs survenus à Mourmelon le petit, Vinay, Nesle-le-Repons et de Cuis n’est sans aucun doute que la partie émergée de l’iceberg. Il ne faut pas oublier tous ceux qui sont logés illégalement sous des tentes ou bien souvent dans des abris de fortune type « bidon ville » similaires à ceux de la jungle de Calais. Aujourd’hui, n’importe qui peut créer sa société de prestation de services, sans aucune connaissance de leurs droits et de leurs devoirs et sans contraintes administratives.

De véritables sociétés éphémères qui nous nommons « champignon ». On reporte la faute uniquement sur ces sociétés de prestation de services, mais pas assez les donneurs d’ordres, « vignerons et maisons de champagne », qui se lavent les mains des conditions d’hébergement indignent des vendangeurs employés par leurs prestataires. C’est tout le problème des récentes affaires qui secouent la Champagne : on ne sait pas qui sont les donneurs d’ordre. On fait face à une véritable « omerta ». Il faut les trouver, car ils doivent être tenus solidairement et pénalement responsables des prestataires qu’ils emploient.

L’assouplissement des règles d’hébergement, accepté par la CGT pour faire face à la pénurie de vendangeurs n’a également rien arrangé au final. Il faut que les pouvoirs publics prennent conscience du problème. Il faut trouver une solution pour imposer des conditions de travail et des logements dignes de ce nom aux vendangeurs venus couper les raisins les plus chers du monde.

Aujourd’hui, il y a une vraie exploitation de l’être humain pour les vendanges en Champagne. Alors oui, “s’il n’est champagne que de la Champagne”, à ne pas en douter, il y a une part de misère dans les bulles du vin des rois et du roi des vins.

Philippe Cothenet , Secrétaire général adjoint de l’intersyndicat CGT du champagne

Tout comme dans les affaires précédentes, l’arrêté préfectoral de fermeture de l’hébergement énonce des faits de conditions d’hébergement effroyables : « état répugnant des toilettes, sanitaires et lieux communs » ; « literie de fortune, matelas au sol » ; « de risque électrique ». Cette fois encore, le logement n’a pas été déclaré en hébergement collectif auprès des services de la préfecture.

La société de prestations viticoles sparnaciennes, ainsi que le propriétaire sparnacien des locaux sont conjointement mis en cause. Patrick Buffry, maire de Cuis, entendu par les gendarmes ce mardi après-midi a ensuite reçu à 18 h 30 un appel téléphonique de la préfecture lui annonçant la fermeture du lieu d’hébergement.

Voici ce qu’il a rapporté à la presse « Je savais que des gens logeaient là mais quand on m’a dit qu’ils étaient mal logés, je suis tombé des nues, assure-t-il. Je n’ai jamais vu un afflux de personnes considérable. Je voyais des gens partir le matin et rentrer le soir, mais c’est ce qu’on voit quand on passe devant. Des gens font leurs vendanges, nous les nôtres. Mais nous n’avons jamais eu de plainte de voisinage. C’est la première fois que je vois ça dans le village. Nous n’avons jamais eu de souci avec cette entreprise-là. »

Ajouté aux cinq décès dans les vignes, quel bilan désastreux pour une vendanges qui s’achèvent à peine. La Champagne n’a jamais été autant ébranlée par de scandaleuses affaires d’hébergements indignes pour ses vendangeurs. Espérons que cette vendange 2023 mette l’accent sur les conditions d’accueils et sur les conditions de travail des cueilleurs…