On savait que les modifications de cahier des charges votées par l’Organisme de défense et de gestion de l’appellation champagne à l’été 2021 ne faisaient pas l’unanimité. Jeudi 5 mai, le collectif « NoVSL en Champagne » a utilisé la Procédure nationale d’opposition pour tenter de les annuler.

Après tout, s’il y a une procédure nationale d’opposition, c’est bien à cela qu’elle doit servir. Jeudi 5 mai, dernier jour où cela était possible, un collectif de vignerons, « NoVSL en Champagne », opposés à l’introduction des vignes semi-larges en Champagne, ont déposé une demande d’annulation des modifications introduite au cahier des charges de l’appellation champagne en juillet 2021 par l’Organisme de défense et de gestion (ODG).

OPPOSITION DE LONGUE DATE

Ce dépôt est logique, si l’on considère que ces vignerons, parmi lesquels on trouve plusieurs noms connus, comme Mélanie Tarlant (qui a communiqué sur le dépôt du dossier d’annulation par le biais de Twitter) et Benoît Tarlant, ou Raphaël Bérèche, avaient signifié publiquement et de longue date leur opposition aux vignes semi-larges, qu’ils considèrent être une porte ouverte à l’industrialisation du vignoble, pas une réponse au réchauffement climatique.

Note de l’intersyndicat CGT du champagne :

Notre organisation syndicale partage totalement la position du collectif de vignerons “NoVSL” et leur opposition aux vignes semi-larges qui sous couvert d’apporter une réponse au réchauffement climatique est une porte ouverte à l’industrialisation et l’abaissement des coûts d’exploitation du vignoble au détriment de la qualité du produit et de l’image de marque du champagne et de la champagne (voir à ce sujet : Extinction programmée du modèle Champenois ; Evolutions culturales, nihilisme et opportunisme du libéralisme). 

DENSITÉ DE PLANTATION

L’expression « vignes semi-larges » elle-même n’apparaît pas dans les modifications votées par l’ODG mais ce mode de conduite, en test depuis une vingtaine d’années dans l’Aube comme dans la Marne, est bien introduit dans le paragraphe VI-1-a du cahier des charges sur la densité de plantation (passage de 1,5 à 2 m pour l’écartement entre les rangs, de 0,9 à 0,7, au minimum, d’écartement entre les pieds et 2,5 à 3 m pour la somme des deux écartements). Précision importante : si la modification est bien acceptée par l’Institut de la qualité, les vignerons qui voudront passer en vignes semi-larges devront arracher la parcelle. « Toute transformation de la parcelle engendrant un changement de densité de plantation est interdite jusqu’à son arrachage », précise ainsi une phrase introduite dans le cahier des charges.

Cette demande d’annulation, « on s’y attendait » , confirme Maxime Toubart, le président du Syndicat général des vignerons. Pour autant, tempère-t-il, il n’y a « pas de souci » : « On est dans un processus normal, je comprends tout à fait que ce soit actionné » . Désormais, le dossier va se gérer au niveau de l’Inao. « On regardera de près les motivations réelles » , continue Maxime Toubart. « Ça va permettre de discuter à nouveau sur le sujet. »

D’autant que les vignes semi-larges ne sont pas la seule modification du cahier des charges. Il y a aussi l’introduction du voltis, un hybride résistant au mildiou et à l’oïdium, comme cépage accessoire. L’hybride, qui figure parmi les réponses possibles au problème des zones de non-traitement, serait introduit par le biais d’un dispositif Vifa, Variété d’intérêt à fin d’adaptation, qui induit une limite dans le temps (dix ans, plus cinq en option).

Si le recours déposé par NoVSL en Champagne est recevable, l’ODG devra revoir sa copie en intégralité, puisque, comme le notait, en février, Olivier Russeil, directeur territorial de l’Inao, le cahier des charges est adopté ou rejeté en bloc.

PAS UN DÉTAIL

Parmi les autres modifications, on trouve un dépoussiérage des modes de taille, l’obligation d’un couvert inter-rangs « spontané ou semé, du 30 novembre au 31 janvier de l’année suivante », le traitement à l’eau chaude pour les plants, ou encore des évolutions dans les dates d’élimination des bourbes. Si le recours déposé par NoVSL en Champagne est recevable, l’ODG devra revoir sa copie en intégralité, puisque, comme le notait, en février, Olivier Russeil, directeur territorial de l’Inao, le cahier des charges est adopté ou rejeté en bloc. Ce qui n’est pas un détail.

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