Il n’y a pas eu de débordements à Épernay, comme à l’accoutumée. Et les syndicats ont déjà annoncé vouloir continuer à se mobiliser.

« Macron, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ! » Voici un slogan que l’on n’avait pas l’habitude d’entendre à Épernay depuis le début des manifestations contre la réforme des retraites.

Pour cette neuvième édition, un gros cortège de lycéens était présent avec une grande banderole « Lycée Stéphane Hessel en grève ». « On vient pour nos parents. Mon père, il est imprimeur, il ne peut pas faire grève, alors je le fais pour lui » , explique Tom entouré de ses copains. « Nous, on n’a pas envie non plus de bosser jusqu’à 70 ans » , craint Sofiane. Alors ils sont venus donner de la voix. Et ils n’étaient pas les seuls. Après le passage de la réforme des retraites au forceps, on aurait pu croire à une décrue. Il n’en est rien. « On a compté 2 600 personnes et la police 2 200 » , se satisfait David Chenal, secrétaire de l’union locale CGT. Ce qui en fait une des plus importantes depuis le début de la mobilisation. Et l’interview du Président la veille aux JT de 13 heures n’a en rien calmé les manifestants. « Je n’en attendais rien et ça m’a quand même énervé » , s’agace Anita, auto entrepreneuse. Elle critique surtout l’absence de mea culpa du chef de l’État qui n’a montré aucun regret mercredi sur les plateaux de TF1 et France 2.
 

DES PROPOS QUI NE PASSENT PAS

Un risque de tension inquiète les syndicalistes chevronnés. « Il a mis le feu aux poudres » , s’agace Sébastien Medard, délégué CGT chez Laurent-Perrier. « Le risque, c’est que ça radicalise les gens et nous, ça nous fait peur. Surtout que les vidéos de violences policières qui tournent depuis quelques jours donnent l’impression de vivre dans un état policier. » Lors de son interview, le Président n’a pas eu un mot à ce sujet, critiquant plutôt la violence de certains manifestants, même s’il a pris soin de louer les syndicats. Mais les propos d’Emmanuel Macron sur l’absence de légitimité de la rue ne passent pas : « Dire ça quand on est élu avec 20 % des voix au premier tour et qu’on échappe d’une motion de censure à neuf voix près… »